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L'ONIL rappelle à l'ordre: Aucune augmentation du prix du lait ne sera tolérée

par Abdelkrim Zerzouri

  Si on évacue la thèse d'un sondage d'opinion lancé en concertation entre les deux parties, représentants des producteurs de lait et gouvernement, le discours déphasé sur la question de l'augmentation du prix du lait dévoile une distorsion dans la vision du développement du secteur par les uns et les autres. Après l'intervention, jeudi dernier, sur les ondes de la Radio nationale du président du Comité national interprofessionnel du lait (Cnil), Mahmoud Bouchakour, qui a clairement signifié que le prix du lait subventionné connaîtra une augmentation au mois de mars prochain dans le sillage de l'abandon de l'emballage du lait dans les sachets et son remplacement par les briques en carton, le directeur général de l'Office interprofessionnel du lait, Fethi Massar, a réagi de son côté sur les mêmes ondes de la Radio, hier, en opposant un «niet» catégorique quant à l'éventualité d'une hausse du prix de lait subventionné. Considérant même que tout ce qui a été dit sur le sujet n'est que le résultat d'une rumeur infondée et une incompréhension de la part des professionnels des médias.

Le DG de l'Office interprofessionnel du lait a affirmé que le prix du lait en sachet restera fixé à 25 dinars en 2017, et que l'opération d'abandon de l'emballage du lait dans les sachets et son remplacement par les briques en carton se fera progressivement tout en gardant le même prix subventionné par l'Etat. Voilà une remise des pendules à l'heure qui tempérera le tollé général provoqué au sein de l'opinion publique après l'annonce de la hausse du prix du lait par la voix du président du Cnil, sur la base d'une rumeur infondée, comme soutenu par le DG de l'Office interprofessionnel du lait. Et, si le premier s'est mal exprimé ou s'il juge que ses propos ont été mal interprétés par les journalistes, c'est à lui d'éclaircir les choses et non au second de le faire à sa place. Car, telle qu'elle se présente, la situation laisserait croire à une profonde divergence de vue entre les deux parties. Sur le terrain, il y a pire. Les producteurs de lait ne comprennent rien à rien à ces projets auxquels on tente de donner corps très loin des professionnels du secteur. « Comment peut-on parler d'abandon de l'emballage du lait en sachet et son remplacement par le Tetra-pack (ndlr, brique en carton) alors que la brique en carton n'est pas disponible pour le moment sur le marché de la production locale, et en second lieu, il faut savoir que cette transformation nécessite le renouvellement de tout le matériel de production. Soit un investissement très lourd qui détournera plus d'un producteur de lait de cette voie », relèvent des producteurs privés de lait. Interrogés, donc, au sujet de cette augmentation annoncée par une partie puis démentie par une autre, les producteurs de lait soutiennent que les professionnels ne sont pas sur la même longueur d'onde avec ces déclarations, non sans confirmer que si on passe à l'introduction d'un nouvel emballage en brique de carton, cela induirait fatalement une augmentation du prix du lait.

Mais, on n'en est pas encore là, selon les professionnels du secteur. Et, souligne le DG de l'Office interprofessionnel de lait, même dans le cas où des laiteries envisagent de passer à un nouvel emballage en brique de carton, le prix du lait restera à 25 dinars quel que soit le coût induit par le nouvel emballage. Ajoutant que le groupe public ?Giplait', dépendant du ministère de l'Agriculture, est le premier à avoir songé à l'amélioration de l'emballage du lait tout en gardant le prix du lait subventionné. Ainsi, plus précis, M. Fethi Massar indiquera que « celui qui souhaite se joindre à l'opération visant l'introduction d'un nouvel emballage doit respecter la condition de la vente du lait à 25 dinars, tandis que les prix resteront libres pour le lait cru et la poudre de lait ».

Un encouragement clair en direction des laiteries pour adopter le nouvel emballage, garder à 25 dinars le prix du litre de lait pasteurisé et subventionné par l'Etat, et augmenter le prix du lait cru jusqu'à 80, voire 90 ou 100 dinars, comme cela se pratique sur le marché par certaines marques, pareillement pour la poudre de lait, dont la production en Algérie est fortement encouragée, et qui doit obéir au prix sur le marché international. « L'Etat a consenti des milliards sous forme de soutien aux éleveurs, aux collecteurs de lait cru et aux laiteries pour développer la production de lait », a signalé le DG de l'Office interprofessionnel du lait, tout en relevant qu'un milliard de litres de lait ont été collectés à la fin de l'année 2015. Par ailleurs, il a indiqué que la facture d'importation de la poudre de lait a enregistré une baisse de 160 millions de dollars par rapport à 2015, et que le programme mis en place par le ministère de l'Agriculture pour réduire l'importation a permis de baisser de 40 % le taux de la poudre de lait importée en 2015 et 2016. Sur un autre plan, M. Fethi a mis en exergue la nouvelle stratégie du ministère de l'Agriculture, axée sur les grands investissements pour sortir de la dépendance alimentaire, particulièrement dans la filière lait, où l'on dit assurer une production conséquente dans de bonnes conditions, notamment en consacrant l'ouverture du secteur aux opérateurs privés nationaux et étrangers, ainsi que l'élaboration d'un plan de travail qui permettrait la réalisation d'une industrie de transformation pour la déshydratation du lait et productio n de lait en poudre.