La mosquée Aboubaker Esseddik, joyau architectural qui surplombe le quartier résidentiel Es Seddikia et se trouve dans un endroit très convoité en face de l'hôtel Sheraton, risque de voir son aspect majestueux altéré suite au lancement récent de la construction d'un logement de fonction sur son jardin. Les services de l'urbanisme ont récemment accordé un permis de construire à la direction des Affaires religieuses et des Wakfs pour ériger une habitation à l'intérieur de l'espace vert qui est en fait un bien habous.

Les membres du comité de quartier El Amel 500 logements d'Es Seddikia et les fidèles de cette grande mosquée qui ont appris le «détournement» de cet espace vert après que le nouveau «propriétaire» a entamé le traçage du sol pour creuser les fondations montent au créneau pour dénoncer le «détournement» de ce bien habous. Ils viennent d'adresser de nombreuses correspondances aux autorités locales (maire, wali, services techniques?) pour exprimer leur indignation et leur refus du projet.

«Nous exprimons avec grande vigueur notre rejet de ce projet de détournement d'un terrain qui à vrai dire à une grande valeur marchande. Quelles que soient les motivations des initiateurs de ce projet rien ne peut justifier un tel acte d'autant plus que la mosquée dispose de quatre logements de fonction, avec garages individuels, dont celui de l'imam qui est actuellement vacant et inoccupé. Un tel acte est en flagrante contradiction avec tous les efforts de l'Etat et des autorités locales dans sa politique écologique et environnementale et quels que soient le permis ou autorisation obtenue et délivrée, nous nous opposons de la façon la plus ferme à la concrétisation de ce projet», lit-t-on dans une missive de cette association.

Les membres du comité de quartier et riverains de la mosquée qui se sont déplacés à notre rédaction pour dénoncer le «détournement» de l'espace vert ont révélé que l'initiateur du projet a pour objectif de construire une habitation individuelle à deux façades. «Il a obtenu un permis de construire pour dresser une habitation de 120 mètres carrés, mais nous avons constaté que cet individu a procédé au traçage de près 230 mètres carrés..Il s'agit d'un terrain de grande valeur foncière. Il avait allégué qu'il s'agit d'un projet de construction d'un logement de fonction, ce qui est totalement inconcevable vu que notre mosquée dispose de quatre logements de fonction et de 1.200 mètres carrés au rez-de-chaussée qui abritent trois classes de crèche, trois autres pour la lutte contre l'analphabétisme, une école coranique en plus d'un dortoir pour les jeunes tolba», affirme ce membre du comité de quartier El Amel.

Les riverains, dont certains sont de grands donateurs pour ce lieu de culte, s'interrogent sur la légalité du permis de construire délivré à une personne qui n'est pas propriétaire de ce bien wakf. «L'ancien imam a résidé pendant 23 ans dans le logement de fonction et il n'a jamais demandé de faveur ou de contrepartie». Ce projet de construction d'un logement de fonction a provoqué une fitna à l'intérieur de ce lieu de culte. «Des altercations éclatent presque tous les jours à l'intérieur de la mosquée.. La situation risque de s'empirer dans les jours à venir si rien n'est fait par les autorités pour arrêter cette mascarade», avertissent les membres du comité El Amel. Contacté, à ce propos, le directeur des Affaires religieuses et des Wakfs de la wilaya d'Oran précise : «Il s'agit tout simplement d'un projet de construction d'un logement de fonction pour l'imam de cette mosquée. Il existe certes un ancien logement mais il est exigu et se trouve dans une situation lamentable.

Le permis de construire a été accordé par les services de l'urbanisme non pas à l'imam mais à la direction des Affaires religieuses et des Wakfs de la wilaya d'Oran. Il sera question de la construction d'un logement en rez-de-chaussée, ce qui n'aura aucune incidence sur les arbres plantées dans cette mosquée. La construction de ce logement de fonction sera financé par un donateur et supervisé par nos services».