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L'attente

par Moncef Wafi

«Toutes les options restent ouvertes», tel est le message adressé par le président sahraoui après le retour acté du Maroc dans le giron de l'Union africaine. Codé ou pas, l'avertissement du secrétaire général du Polisario, Brahim Ghali, se veut être un rappel de la situation qui, de son avis, n'a pas changé fondamentalement. «Nous penchons toujours pour la voie pacifique», dira-t-il à l'AFP sans pour autant écarter les autres éventualités, comprendre le retour aux armes. Une option envisageable par les Sahraouis devant l'absence de réaction du reste du monde face à la détermination marocaine de piétiner leur droit à l'indépendance. Si l'adhésion de Rabat, accueillie favorablement par le Polisario, a néanmoins soulevé des interrogations quant à l'avenir du conflit sahraoui, Ghali espère que le Maroc respecte et ses engagements et les frontières internationales de son pays, l'invitant à «rechercher des solutions pacifiques». Sans cela, le président sahraoui est déterminé à réfléchir à d'autres voies de recouvrer leurs droits, n'excluant pas la lutte armée. Il mettra en face de leurs responsabilités l'ONU et les pays soutiens du Maroc, en particulier la France, qui encouragent par leur passivité complice et les intérêts économiques la poursuite d'une colonisation spoliatrice. La sortie médiatique calculée de Ghali contraste avec le sentiment de satisfecit général éprouvé aux lendemains du sommet d'Addis-Abeba. Si le Maroc n'a pas émis de conditions pour son retour, alors qu'il avait exigé la peau du RASD auparavant, son silence concernant le dossier sahraoui interpelle. Aucune garantie n'a été donnée par Rabat quant à une solution pacifique et définitive du conflit, elle qui s'appuie maintenant sur une présence à l'intérieur même de la citadelle panafricaine des pays africains acquis et du soutien français et des monarchies du Golfe. Un peu beaucoup face à l'axe Abuja-Alger-Pretoria qui doit maintenant composer avec les intrigues de palais et les plans de déstabilisation interne. Il n'est un secret pour personne que le statu quo ne peut être éternel et que la balance devra pencher, à un moment, d'un côté ou de l'autre des forces en présence. Le fait que le Maroc ne s'est pas manifesté pour une solution «à l'amiable» veut forcément dire qu'il prépare son offensive pour remettre en question les fondamentaux même de l'UA.

Des textes pourtant clairs sur le respect par chaque Etat de la souveraineté des autres membres et qui appellent naturellement à un changement de statut dans les relations entre le Maroc et la RASD. Maintenant, le deal est là : ou Rabat reconnaît le Polisario ou il fait imploser l'UA.