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Réaffirmant que toutes les options restent ouvertes: Les Sahraouis comptent sur Guterres pour débloquer le dossier

par M. Boukhalfa

  Le président de la RASD et chef du Polisario, Brahim Ghali, a dit hier dimanche espérer que le nouveau secrétaire général des Nations unies, le Portugais Antonio Guterres, débloque enfin le dossier de décolonisation au Sahara occidental, bloqué

depuis le cessez-le-feu en 1991.

Brahim Ghali a dit espérer, dans un entretien à l'AFP, une relance des négociations sous l'impulsion du nouveau secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, qui «maîtrise le dossier sahraoui, car il était responsable du Haut commissariat aux réfugiés (HCR). «Nous espérons qu'il aura le soutien nécessaire du Conseil de sécurité pour animer les négociations qui permettront l'autodétermination de notre peuple», précise-t-il. Sur l'admission du Maroc au sein de l'Union africaine dont la RASD est un des membres fondateurs, Brahim Ghali affirme : «Nous penchons toujours pour la voie pacifique» pour résoudre le conflit, avant de prévenir que «toutes les options restent ouvertes».

Pour les cadres et dirigeants comme pour la population sahraouis, cet état de «ni guerre ni paix» ne milite pas pour une avancée du dernier dossier de décolonisation en Afrique. D'autant que l'option de la reprise de la lutte armée reste d'actualité pour la direction politique du Polisario. Mais, la voie de la sagesse reste la priorité pour les «enfants des nuages». Car pour le chef du Polisario, l'entrée du Maroc dans l'Union africaine est de nature à favoriser une reprise des discussions diplomatiques, interrompues depuis le processus de Manhasset. «Maintenant que le royaume marocain est membre de l'UA, il doit respecter les frontières internationales de la République sahraouie», explique M. Brahim Ghali. Rabat «doit également rechercher des solutions pacifiques, nous espérons que le Maroc tiendra ses engagements». Pour certains dirigeants africains, au dernier Sommet de l'UA à Addis-Abeba, le retour du Maroc va permettre de discuter de la question du Sahara occidental au sein de l'assemblée, «en famille». Les revendications sahraouies sont pourtant simples: «Nous sommes un peuple pacifique qui a patienté durant 26 ans pour une résolution pacifique du conflit», résume M. Ghali qui regrette cependant que «ces 26 ans d'attente ont réduit la confiance du peuple sahraoui envers la communauté internationale et le Conseil de sécurité» de l'ONU. Car, a-t-il dit, «les atermoiements marocains et le fait que le Conseil de sécurité de l'ONU ne prend pas ses responsabilités nous ont contraints à réfléchir aux différents moyens de recouvrer nos droits». Le chef du Polisario accuse la France, qui est «malheureusement responsable du prolongement des souffrances du peuple sahraoui», car «la France a entravé la mise en place du processus onusien. Elle a menacé d'utiliser son droit de veto contre toute résolution du Conseil de sécurité condamnant les violations marocaines systématiques des droits de l'homme de la population sahraouie».

L'arrivée du Portugais Guterres à l'ONU devrait débloquer le dossier sahraoui, estime le président Ghali. L'optimisme ambiant quant à l'entrée du Maroc à l'UA est battu en brèche par certains analystes et des politiques, dont le chef du parti islamique, le Mouvement de la Société pour la Paix, Abderrezak Makri, qui doute des bonnes intentions marocaines maintenant que Rabat est membre de l'UA. Pour lui, le Maroc sera en quelque sorte un Cheval de Troie de la France et des Etats-Unis au sein de l'UA et va tout faire pour tenter d'évincer la RASD de l'UA et semer la pagaille au sein de cette Union. Il est difficile d'imaginer que les Marocains vont travailler naïvement au sein de l'UA sans chercher à discréditer les Sahraouis, puis les faire rejeter hors de l'UA avec l'appui de leurs alliés.

Le fait est que le roi du Maroc a déjà dévoilé sa stratégie dans sa lettre de demande d'admission à l'UA, en novembre dernier, lorsqu'il avait clairement dénoncé la présence de la RASD au sein de l'organisation, et demandé son éviction, avant même que son Parlement ne ratifie l'acte constitutif de création de l'Union africaine.