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Electricité, Gaz, Eau, TV, Frigos: Vers une hausse des prix

par Yazid Alilat

La hausse de deux points de base de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) pour les deux taux (réduit et normal) va avoir dès ce mois de février 2017, des incidences énormes sur les niveaux de prix des principaux produits de consommation, des services et produits électroménagers, outre les factures d'électricité et de gaz, de l'eau, et du téléphone.

Ce sera une cascade de hausses des tarifs de tous les produits, ce qui va impacter, négativement, le niveau et la qualité de vie des Algériens, déjà passablement érodés par une inflation en constante progression.

Déjà, sur les marchés des fruits et légumes, ont constate que les hausses de prix induites par les deux nouveaux taux de la TVA, de 7 à 9%, pour le taux réduit et de 17 à 19% pour le taux normal, institués par la loi de Finances 2017, sont là. Indépendamment des effets des dernières intempéries.

Pour autant, ce qui va faire mal au porte-monnaie des Algériens, ce serait, bien évidemment, la hausse de la facture de l'électricité et du gaz, qui va être « électrique » pour les bas salaires.

En effet, les deux nouveaux taux de TVA (9 et 19%) y seront appliqués, ce qui va, fatalement, gonfler, encore plus, les montants des factures de Sonelgaz. Même si pour le gaz les deux taux de la TVA ne vont pas significativement gonfler cette facture, ce sera différent pour la consommation électrique, qui, elle, est taxée deux fois : une fois à 9% et une autre à 19% entre deux tranches de consommation. La facture sera donc lourde pour les ménages, avec dans cet ordre de grandeur, une facture avec les anciens taux qui était en moyenne à 4.000 DA toutes taxes comprises, sera avec la hausse de 2 points de base des taux réduit et normal, de 5.000 DA en moyenne, soit une augmentation globale de 1.000 DA. En fait, cette hausse de deux points de base de la TVA, pour les taux réduit et normal, répond à cette préoccupation de Sonelgaz de faire augmenter ses tarifs, pour 2017.

Si le gouvernement a dit « non », en ne reportant pas cette exigence de l'ex-P-DG du groupe et actuel ministre de l'Energie Nouredine Bouterfa, après une première hausse, en 2016, des tarifs de l'électricité, les clients de Sonelgaz vont, pourtant, voir leurs factures augmenter. En mai 2016, l'ex patron de Sonelgaz avait réclamé une nouvelle hausse des tarifs de l'électricité et du gaz, soulignant, dans une déclaration à la presse, que : « nous ne sommes pas encore à l'équilibre, la hausse des tarifs (décidée par la LF 2016) va rattraper 15-20% sur les plus de 70% d'écart. Je pense qu'il y aura d'autres hausses de tarifs, car il y aura 30 à 40% de nouvelles charges à rattraper. » En clair, seule une seconde hausse des tarifs de l'électricité et du gaz pourrait compenser les charges du groupe, occupé, par ailleurs, à chercher les financements nécessaires pour son programme 2026.

Les autres hausses de prix, induites par la révision des taux de la TVA, sont, également, liées au secteur de l'Energie électrique, avec cette fois-ci, les produits électroménagers dont la valeur est ainsi doublement taxée.

Une fois par une hausse du taux normal de 17 à 19% de la TVA, et une seconde fois par la nouvelle taxe d'efficacité énergétique (TEE), instituée également, par la LF2017, et applicable aux produits importés ou fabriqués, localement, fonctionnant à l'électricité, aux gaz et aux produits pétroliers. En clair, cette TEE pour tous les produits électroménagers (réfrigérateurs, climatiseurs, lampes à incandescence et fluorescentes, appareils de chauffage à usage domestique, machines à laver, TV, appareils audiovisuels,...) va impacter les prix de ces produits, qui ont augmenté, depuis quelques semaines, d'au moins 1000 DA, selon les produits. Le produit de cette nouvelle taxe va rapporter au Trésor public, au moins 10,7 milliards de dinars, soit 9,2 Mds de DA, en TEE, et 1,5 Md de dinars en TVA. Pour autant, si cette taxe ne doit pas entrer en vigueur avant le second semestre 2017, selon l'article 70 de la loi de Finances 2017, elle est sur le marché déjà appliquée.

Concernant les produits alimentaires, la hausse des prix est également là, en dépit des assurances du directeur général des Impôts, Abderrahmane Raouia.

Presque tous les produits agroalimentaires, ainsi que les boissons ont vu leur prix augmenter, hormis quelques produits subventionnés, comme le lait, la farine. Même le sucre a augmenté.

Et pourtant, le DG des Impôts avait affirmé, début janvier dernier, que la hausse de deux points de base de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) introduite par la loi de Finances 2017, n'aura pas d'incidence sur les prix des produits alimentaires de base. « Il y a toute une série de produits qui demeurent toujours exonérés, hors du champ d'application de la TVA, comme la semoule, le blé, le sucre, l'huile, les médicaments ». Ce qui représente, selon lui, une moins-value en termes de taxation de 100 Mds de DA. Il a expliqué qu'en fait, « tous les produits alimentaires demeurent à 9%, à l'exclusion des produits agricoles non importés, et tous les produits alimentaires qui vont des pâtes aux légumes secs.» Bref, les prochaines factures de l'électricité et du gaz, de l'eau et du téléphone, seront très « salées », en plus d'une inflation quasi générale des prix de presque tous les produits, dont ceux électroménagers.

Des hausses pénibles pour les bas salaires et les retraités, qui n'ont pas en contrepartie cette compensation morale d'espérer une augmentation de salaire impossible dans le contexte économique et financier actuel que traverse le pays.