Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

CAN 2017 - Les Bleuets verts pâles: Euro 2016 - Les supplétifs arabes des Bleus

par Dr El Hadj Abdelhamid

  Verts ou Bleus, les Beurs gagnent rarement au change. Pour la CAN 2017, les Fennecs Verts, dont certains étaient des Bleuets, n'auraient pas fait preuve d'exemplarité pour représenter les couleurs nationales, c'est-à-dire qu'ils auraient baissé le pied selon de mauvaises langues.

On a peut-être oublié, vile ingratitude, que Nabil Bentaleb, en pleine ascension de sa côte avec les Spurs de Tottenham, a risqué de ruiner sa carrière professionnelle pour les couleurs nationales en bravant l'avis de son entraineur qui lui avait demandé de ne pas jouer un match de qualification des Verts au fin fond de l'Afrique. Blessé lors de ce match, Nabil a payé son attachement à son pays, l'Algérie. Mis au banc par son entraineur de Tottenham pour le reste de la saison, il est jeté sur le marché des « locations-ventes » pour le mercato estival. Heureusement que la baraka verte a fonctionné pour le Vert fidèle qui se retrouve l'idole, numéro 10, d'un grand club, Schalke, au pays des champions du monde, l'Allemagne.

La Coupe d'Afrique n'a jamais été un « idéal » pour les Fennecs et les Algériens en général qui préfèrent un billet pour un Mondial. Cette préférence ne nous est pas spécifique. En 2010, éliminé par Saâdane à Oum Dourmane, l'Egyptien Shahata affirme, en substance, que dix trophées africains ne vaudraient pas un billet à un Mondial.

On comprend peut-être mieux alors le désintérêt de la prestigieuse équipe de la Côte d'Ivoire, la meilleure d'Afrique aujourd'hui, pour la CAN 2017 où elle a juste fait une nonchalante figuration alors que le Cameroun, autre ténor du continent, passe de justesse, grâce à son gardien, les 2 tours de la compétition.

La Coupe d'Afrique reste, de notre avis, le terrain d'excellence exotique des équipes nationales émergentes (Burkina Fasso, Zambie, Cap Vert, Gabon, etc.), snobée par les ténors du Continent ( Côte d'Ivoire, Cameroun, Nigeria, Algérie, etc.)

De plus, chaque CAN nous consomme, par blessures, de valeureux Fennecs. Meghni, annoncé comme le futur Zidane, a presque dit adieu au foot à l'occasion de la CAN 2010. D'autres, comme Bezzaz, Tasfaout, etc. ont aussi failli arrêter leur carrière. Les circonstances bananières des CAN (arbitrage burlesque complaisant avec les tacleurs criminels, terrains dangereux, publics incontenables, services d'ordre chauvins, contexte sécuritaire politique avec instabilité, mitraillage de car de sélection, etc.) ne sont pas faites pour motiver des Fennecs made in France et exerçant outre mer méditerranée, qualifiés, pour certains, dans les prestigieuses joutes européennes.

Ranieri, le coach de Leicester, a déclaré qu'il craignait pour ses deux stars algériennes Mehrez et Slimani des blessures lors de cette CAN 2017.

Fennecs locaux contre Fennecs d'outre-mer, le débat n'est certainement pas idéologique. Si tout le monde s'accorde pour reconnaître qu'aucun footballeur local de la génération active ne mérite une place à l'EN, écoutez ce que dit, en 1982, Michel Larqué, le Vert de Saint-Etienne, qui commente la finale de la Coupe de France 1982 gagnée haut la main par Dahleb et le PSG lorsque le président parisien court vers l'Algérien pour le porter en triomphe :

- Dahleb n'est même pas sûr de figurer parmi les 22 de l'équipe nationale d'Algérie qui va jouer sa première Coupe du Monde.

Ainsi, Dahleb, un des meilleurs joueurs pro de France dans un grand championnat 1982 ( la France était un légitime prétendant à la Coupe du Monde 82), n'était pas sûr d'être parmi les 22 Verts à majorité absolue « locale » !

En 1986, pour le second mondial des Fennecs, Saâdane oublie Dahleb et Michel Platini lui-même ne comprend pas que les Verts puissent se passer de ce « meuble » parisien, ainsi qualifié par le président du PSG.

Verts ou Bleus, les Beurs souffrent toujours de ce juste « milieu » binational. Pour l'Euro 2016, avant la réunion de la FFF sur le « cas Benzema», le Premier ministre espagnol de France, Manuel Valls avait posé un véto préventif au retour de l'Algérien chez les Bleus au nom d'une certaine « exemplarité » requise pour représenter les couleurs nationales. Naturellement, la fédération ne pouvait déjuger le Premier ministre. L'ingérence politique dans le foot est prohibée par la FIFA qui aurait pu remettre à l'ordre la FFF. Cependant, le Premier ministre donneur de la leçon n'a pas été bien inspiré pour en donner l'exemple dans l'affaire de son « détournement » de l'avion présidentiel français pour aller, en compagnie de ses enfants, voyageurs « resquilleurs », supporter, à Munich, le FC Barcelone, la bête noire du foot français qui a toujours barré la route à Paris dans la course à la Champion's League. Confondu comme un bambin voleur de confiture, Manuel Valls a promis de ne plus recommencer. Espérons que Manuel Valls ait, au moins, payé les billets d'entrée au stade de Munich.

Benzema, lui, a toujours été loyal avec « les couleurs nationales » et à Lyon, il a été la bête noire française du mythique club espagnol, le Real Madrid, à qui il a souvent barré la route de la Champion's League au point que le club espagnol n'a trouvé d'autre solution que de le recruter dans le sillage de l'illustre Bleu Zidane, l'autre « Algérien» , un Marseillais qui a porté très haut les couleurs du foot français. Pour mémoire, Marseille où, dit-on, le prénom le plus usité est Mohamed, a été victime de « déchéance » de son titre de Champion's League, le premier du foot français.

Benzema avait déclaré un jour, après le Mondial de 2014. « Lorsque je rentre à la maison, je ne sais pas ce qui prend ma fille mais je l'entends toujours crier One Two Three Viva l'Algérie .»

 Guy Roux, « un meuble « du foot français, a déclaré que Benzema a été écarté des Bleus par Deschamps en raison de ses origines. Benzema a aussi été oublié par Domenech pour le Mondial 2010. Domenech, longtemps coach des Bleuets, les Espoirs, s'était risqué à virer le Grand Bleu Zidane après la bérézina des Tricolores au Mondial 2002. Mais l'éviction de Zidane pouvait appeler aux armes les citoyens pour une deuxième Révolution française et Domenech, déjugé par tout le monde, a été contraint de rappeler l'Algérien. Si la France a gagné la Coupe du Monde 98 grâce surtout à 2 têtes de Zidane dans les filets du Brésilien Tafarel, elle a perdu celle de 2006 à cause d'une autre tête de l'Algérien sur la poitrine de l'Italien Materazzi. Une finale mondiale est déjà au dessus de la taille de Domenech, le coach des Bleus qui méritaient, eux, le trophée. Comme la finale de l'Euro 2016, méritée par les Bleus mais non le coach Deschamps qui ne méritait sûrement pas de la gagner.

L'Arabe Samir Nasri a également été écarté des Bleus, pour un motif farfelu, par un autre coach Tricolore, Laurent Blanc. Deschamps et Blanc ont été «concernés» dans le scandale de la réunion des quotas raciaux de la Fédération Française de Football, révélé par un cadre du foot d'origine nord-africaine. Les 2 Coqs mondialistes, présumés racistes, qui se sont relayés à la tête des Bleus, sont ralliés par un acolyte de la Gironde, Willy Sagnol qui est plus « franc ». Le Bordelais pense, et le dit tout haut, que le joueur africain typique est pas cher, solide, mais peu intelligent. SOS Racisme a porté plainte contre le Bleu pâle de l'équipe championne du monde 98, remplaçant de Thuram l'Africain, le héros Bleu qui avait libéré la France en marquant les 2 buts qui l'envoie en finale, gagnée contre le Brésil.

Quand je pense qu'à la Libération, Bordeaux, comme Marseille, a été délivrée des nazis, les copains de Papon le Bordelais de souche, par les Africains. Heureusement, Bordeaux est aujourd'hui libérée de Willy Sagnol.

Dans le contexte européen actuel de la xénophobie et de l'islamophobie, Zidane, Benzema et les autres, qui ont toujours été d'une loyauté exemplaire sous les couleurs des Bleus, entendent affirmer, publiquement, leur fierté de leur origine. Pour l'Euro 2016, en plus de Benzema, Deschamps a aussi oublié les « Arabes» Ben Arfa, juste réserviste malgré sa fabuleuse saison avec Nice et Rami, le champion d'Europe sévillan, aussi époustouflant en 2016. Les Dieux du stade doivent exister à Biarritz, lieu du stage de préparation des Bleus, car Rami est appelé en catastrophe après la blessure de Varane et Ben Arfa éclabousse, par sa classe, tous ses co-équipiers, titulaires et autres, durant le stage, devant 10.000 spectateurs médusés et... Deschamps très gêné!

Ben Arfa, de retour sur la terre natale à Paris déclare : Jouer au PSG ( sans Laurent Blanc, bien sûr ) vaut mieux que de jouer l'Euro !

Cantona, «un monument» du foot français qui a mené, avec Maradona, le mouvement «alter-mondialiste» contre la Pieuvre-FIFA des capos mafieux Blatter and Co et l'argent sale du foot mondial, ne pouvait rester indifférent face à l'arbitraire. Il a dit : Ce qui est certain, ce sont les origines nord-africaines de Benzema et Ben Arfa... Deschamps est le seul qui a un nom français et... dans sa famille, comme les Mormons, on ne se mélange pas !»

Deschamps porte plainte contre Cantona pour insinuation de racisme. Le patron de la FFF, Le Graet, trouve « ridicules» les propos de Cantona. Ceux de Le Graet, qui avait publiquement déclaré avoir reçu un wagon de courrier d'insultes contre Benzema, ne sont pas ridicules. Ils sont nauséabonds.

Un autre Algérien, devenu Coq Bleu après avoir été tenté d'être Fennec Vert, est aussi aujourd'hui sur le banc des oubliés à cause d'une blessure. Fekir Nabil, le fakir cloué sur son tapis, a opté pour les Tricolores. Le Lyonnais, ex-coéquipier de Yohan Gourkuff, le fils Bleu, avait d'abord fait allégeance, au téléphone, à Christian Gourkuff, le père Vert des Fennecs. Il a, ensuite, semble t-il, retrouvé son esprit sain et opté pour les Bleus. Le jeune Bleu-Vert a été sûrement victime des pressions de son employeur, le président Aulas, plus soucieux, légitimement, de l'intérêt de son club que de la carrière du joueur franco-algérien indécis.

Pour le fantasque Aulas, Coq Bleu ou Fennec Vert, on reste compatriote. Lorsque Feghouli avait marqué l'unique but, splendide, de Valence contre l'Olympique à Lyon dans le match aller de la Champion's League de la saison passée, le président de l'OL a déclaré, en direct à la télé :

- Malgré la défaite, je suis content pour notre compatriote qui a marqué un joli but pour Valence !