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«America first» garant béton de l'Etat sioniste

par Kharroubi Habib

La résolution votée en décembre dernier par le Conseil de sécurité dénonçant et condamnant la poursuite par Israël de la colonisation juive en territoires palestiniens occupés n'a été en rien dans la décision du Premier ministre Benyamin Netanyahu d'ordonner le démantèlement de la petite colonie « sauvage » d'Amona en Cisjordanie. Il y a été contraint par le jugement rendu par la Cour suprême de l'Etat sioniste ayant décrété illégale au regard de la loi de cet Etat la construction de cette colonie. Il se serait probablement dispensé de rendre exécutoire l'arrêt de justice s'il ne craignait pas que son obstruction lui vaudrait l'ouverture d'un conflit avec le pouvoir judiciaire qui serait assurément malvenu pour lui alors qu'il est sous le coup d'enquêtes juridico-policières visant à établir la réalité des soupçons de corruption dont il est l'objet.

Tout en concédant par calcul le démantèlement de la colonie en question, Netanyahu a concomitamment rendu publique une autre décision prise par son cabinet : celle autorisant le démarrage du plus grand projet de construction de logements pour citoyens juifs en Cisjordanie lancé à la fois par un gouvernement de l'Etat sioniste puisqu'il y est question de 3.500 habitations. Initiative par laquelle il a à la fois voulu rassurer les partisans de la poursuite de la colonisation qui sont ses soutiens politiques et faire acte de défi à l'encontre des Nations unies dont il n'a pas apprécié qu'elles votent une résolution anti-poursuite de sa politique de colonisation en territoires palestiniens.

Il est patent que le vote de cette résolution par le Conseil de sécurité a eu pour effet sur le Premier ministre israélien et les partisans de la poursuite de la colonisation juive de ne plus se préoccuper des condamnations internationales qu'elle suscite. Ils y sont d'autant plus résolus que les changements intervenus à Washington avec l'arrivée à la Maison Blanche de Donald Trump lequel affiche clairement des positions pro-israéliennes, y compris sur la question de la poursuite de la colonisation juive en territoires occupés. La réaction suscitée à Washington par l'énormité des projets de construction annoncés par Benyamin Netanyahu et son cabinet depuis le vote de la résolution du Conseil de sécurité a de quoi effectivement les conforter. Elle a en effet consisté à estimer que contrairement à ce qu'en pense la communauté internationale, la poursuite de cette colonisation n'entraverait en rien la reprise du processus de paix entre Israéliens et Palestiniens, qu'elle la rend simplement un peu plus « complexe ».

Netanyahu peut à juste titre « jubiler » car ainsi formulée l'appréciation faite par le nouveau président américain sur sa politique de frénétique colonisation juive en territoires palestiniens est le signal qu'il ne tient pas tant que cela à la solution à deux Etats pour laquelle s'était prononcé son prédécesseur Obama. Les Palestiniens dont les espoirs ont été déçus par ce dernier qui n'a pas eu le courage de prendre des initiatives contraignantes qui auraient obligé Israël à lever les obstacles qui empêchent cette solution d'avancer, n'ont rien à attendre de bon de son successeur et en auront probablement confirmation lors de sa rencontre ce mois en cours avec le Premier ministre israélien.

Mahmoud Abbas et la direction palestinienne s'illusionnent si comme tous ceux qui surpris et inquiétés par l'élection de Donald Trump ils pensent eux aussi que ce dernier pourrait bien renier sur le dossier israélo-palestinien la position résolument pro-israélienne et sans la moindre concession en faveur de la cause palestinienne maintenant qu'il est en exercice et prétendument confronté à une réalité internationale qui l'obligerait à cela. Qu'ils s'imprègnent de la vérité que le slogan de « America first » que Trump a forgé pour indiquer le sens qu'il donne à la politique qu'il va mettre en œuvre durant son mandat, doit se décoder comme englobant le soutien inconditionnel dont Israël a de tout temps bénéficié de la part de cette Amérique.