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Colloque régional sur les préparatifs des élections: Les assurances de l'Intérieur sur la neutralité de l'administration

par Houari Saaïdia

  «Les choses ont bien changé. Il y a aujourd'hui la Haute instance indépendante de surveillance des élections qui est institutionnalisée. Son atout est qu'elle n'est pas liée à des échéances, n'a pas un caractère conjoncturel et ponctuel. En vertu des larges prérogatives qui lui sont conférées par la loi, cette instance veillera en premier lieu à la fiabilité et la crédibilité du fichier électoral».

Dans un entretien accordé au Quotidien d'Oran en marge du colloque régional sur la préparation des prochaines élections tenu jeudi à Oran, le secrétaire général du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, Hocine Maazouz, en réponse à une question sur le fichier électoral, vieille cible de tirs croisés par les partis de l'opposition et thème central de l'antithèse à la conformité du processus électoral, a balayé d'un revers de la main toutes les suspicions jetant le discrédit sur la fiabilité de cette base de données relative au corps électoral, l'organe premier et essentiel de tout Etat démocratique. «La Haute instance indépendante de surveillance, instituée par la Constitution de février 2016 dans l'objectif de consolider la crédibilité des élections et de veiller à leur transparence et probité, a tout le temps nécessaire pour contrôler et passer au peigne fin le fichier électoral. Nous avons, pour notre part, en tant qu'administration, utilisé tous les moyens qu'offre la technologie pour assainir les listes électorales, en opérant notamment un croisement entre le fichier électoral d'avec le registre national d'état-civil, le registre national des naissances et le registre national des décès. Nous avons déjà dit que nous n'étions pas plus intelligents que les autres car, en fait, nous n'avons fait que mettre à profit la technologie pour accomplir ce travail, qui se faisait certes auparavant, mais de manière manuelle. Cela nous a permis de dégager quelques cas de décédés et de doubles inscrits».

Fichier électoral fiable et assaini à 100%, selon l'Intérieur

M. Hocine Maazouz ajoute: «Il appartient exclusivement à la commission administrative électorale, présidée par un magistrat, de procéder à la radiation d'une personne de la liste électorale sur la base d'un dossier. Pour radier une personne décédée, il faut qu'il y ait, bien entendu, une preuve matérielle, un acte de décès. Cela dit, il ne faut pas perdre de vue que dans l'intervalle entre la révision exceptionnelle des listes, subséquente à la convocation du corps électoral par le président de la République, et le jour du scrutin, il y aura forcément des décédés», a expliqué le SG de l'Intérieur.

«A propos des cas de décès, certains détracteurs parlent de morts qui votent. Votre réplique ?». A cette question, le représentant du MICL répond d'un air désapprobateur : « Si, comme on le prétend mensongèrement, et stupidement aussi, l'Etat ressuscitait les morts à chaque consultation électorale rien que pour gonfler le taux de participation, on aurait pu avoir des taux frisant les 100%. Or, lors des dernières années, les taux de participation étaient plutôt moyens (42,90% aux législatives de 2012, un taux de 44,27% aux locales de la même année et 51,7% aux présidentielles de 2014 : Ndlr)».

Les taux de -50% pour discréditer le «conte» des morts qui votent

Sur la question de savoir si la position de l'Algérie demeure inchangée quant à la demande de L'Union européenne pour l'accès au fichier électoral, le SG de l'Intérieur répond : «La loi est claire là-dessus. L'accès au fichier électoral est permis aux partis politiques et aux listes engagées dans la compétition». Au cours des travaux du colloque, un des directeurs centraux du département de Noureddine Bedoui, qui accompagnait le secrétaire général dans ce quatrième point du circuit national visant à préparer les prochains rendez-vous électoraux, mais aussi à plaider sur pièce et sur place la neutralité et l'impartialité de l'appareil administratif, a appelé de tous ses vœux les administrateurs en charge du service des élections dans les 1.541 communes à «se décomplexer» par rapport à la question d'accès au registre électoral. «Sans le vouloir, on aurait, me semble-t-il, créé chez-vous une certaine phobie par rapport à cela. On a remarqué à l'occasion de nos visites d'inspection que des chefs de service continuent à cacher dans un coffre-fort inaccessible le registre électoral, comme s'il s'agissait d'un secret d'Etat», a remarqué ce responsable, tout en appelant les uns et les autres à dépasser ces vieux réflexes. Sans doute, cette nouvelle ligne de conduite -car c'en est une effectivement- que le département de Bedoui veut inculquer à ses gestionnaires locaux, au niveau des derniers maillons de la chaîne administrative notamment, répond à cette logique, ce bons sens même, qui veut que l'existence d'un fichier électoral, l'exactitude des données et le droit de regard des organes publics, comme les partis politiques, pour contrôler et vérifier la fiabilité de ses informations, s'inscrivent comme principe obligatoire dans tout processus électoral transparent et libre. Cette règle de travail certifie en effet la conformité des élections et confirme qu'elles répondent au mode de fonctionnement légal et démocratique.

Services des élections : phobie et vieux réflexes

«Si on n'a pas un corps électoral assaini, on ne peut pas faire une lecture juste des élections. Il faut relever, cependant, et malheureusement, qu'on n'a pas encore cette culture civique qui veut qu'un citoyen qui vient de déménager, par exemple, aille se faire radier de l'ancienne liste communale et se faire inscrire sur la nouvelle (?) Quand on se promène à travers les communes du pays, on s'aperçoit que pour certaines APC, les prochaines élections, ce sont un non-évènement (?). Entre autres facteurs qui dissuadent les gens à accomplir leur devoir de vote, les longues files devant les bureau de vote. On ne doit plus avoir des centres de vote de plus de 500 électeurs au maximum, et ce pour garantir une fluidité et une facilité de l'opération (?) Je vous raconte ce fait divers, quand j'étais wali dans une wilaya, on me signale, à midi, que dans un centre de vote, il y avait zéro votant. Renseignement pris sur place, la cause était celle-ci : les citoyens de cette ?dachra' ne votaient pas parce qu'il y avait au fond un problème tribal en rapport avec le directeur du centre. Voilà un fait divers susceptible de donner lieu à des lectures politiques faites de toutes pièces et sans prise avec la réalité», a analysé M. Maazouz.

Tous les moyens pour réussir les élections

«Nous mettons tous les moyens matériels et humains pour que l'ensemble des électeurs inscris sur les listes du corps électoral aillent voter. Nous avons mis le budget nécessaire et le personnel nécessaire pour encadrer afin de réunir toutes les conditions matérielles, humaines et sécuritaires pour que les électeurs aillent voter. Nous allons travailler en ce sens, et seulement en ce sens-là, pour qu'il y ait un fort taux de participation. Nous n'avons pas honte de le dire. Et ce y compris par le rapprochement des bureaux de vote aux citoyens et par des moyens de communication pour mobiliser tout le monde», a déclaré par ailleurs le SG de l'Intérieur en réponse à une question du Quotidien d'Oran voulant savoir «si l'administration a un rôle à jouer, de son côté, pour inciter les citoyens à aller voter, et par quels moyens». Dans le même contexte, concernant les grandes communes, à l'instar d'Oran, M. Maazouz n'a pas exclu la possibilité d'élever les services des élections en directions, tout en les dotant en personnels compétents et en moyens adéquats. «L'opération des élections est une équation à plusieurs paramètres qu'il faut mettre au point et qu'il faut maîtriser», a-t-il déclaré dans ce sens. Pour le secrétaire général du ministère, la modernisation de l'administration représente un gage de réussite des prochaines échéances électorales, rappelant les moyens sophistiqués mis en place par l'Etat pour atteindre cet objectif. La rencontre régionale d'Oran a regroupé des cadres chargés de la gestion des élections dans les wilayas d'Oran, Mostaganem, Relizane, Chlef, Tiaret, Tissemsilt, Bechar et Adrar.