Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Maghnia: Trop cher Ennayer !

par Cheikh Guetbi

Au marché couvert, principal pôle de l'ouest du pays de vente des produits relatifs à la fête de Yennayer (Ennayer pour la population de l'extrême ouest), ce n'est désormais plus la ruée habituelle et les étals ne sont pas aussi achalandés que les années précédentes.

La flambée générale des prix en est la cause et ceci risque de peser sur la pérennité de cette fête. Un septuagénaire se souvient: «Cette fête était une occasion pour que la grande famille se retrouve autour de friandises et plats typiques et caractéristiques. Beignets, petits pains décorés de bonbons qui faisaient la joie des enfants, cacahuètes, noix, amendes, bonbons, figues sèches et dattes, grenades que les mamans et grand-mères conservaient pour l'occasion, cherchèm (plat à basse de céréales) sont les délices qui ornent la table en cette occasion». Actuellement, ajoute notre interlocuteur, «cette fête est en passe de perdre de son authenticité à cause du tiraillement entre la tradition et la modernité. C'est désormais à coup de produits exotiques, de chocolats et de boissons de grandes marques que Ennayer est célébré». Selon cet enseignant chercheur, Ennayer est à la croisée des chemins. «Cette saison, la flambée des prix a eu un effet de choc sur cette fête traditionnelle laquelle vivrait, en conséquence, une période de transition durant laquelle elle connaîtrait un sérieux déclin avant de rebondir plus originale et authentique», prédit cet enseignant chercheur. Pour le moment les prix excessifs des produits caractéristiques de cette fête ne favorisent pas l'engouement et découragent les bourses moyennes, et pour cause. Les prix (au kg) des produits tels la figue sèche (1400 DA), noix (2400 DA), dattes (jusqu'à 1000 DA), cacahuètes (450 DA), sont tout simplement hors de portée pour une grande majorité. C'est dire que les considérations économiques influent énormément sur la célébration des fêtes traditionnelles.