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Les participationnistes à l'épreuve de leur choix

par Kharroubi Habib

Pour avoir soutenu que le pouvoir est réfractaire à des élections libres et démocratiques et en se déclarant certaines que la prochaine échéance des législatives aura le résultat attendu de la douteuse victoire des partis qui lui sont inféodés, les formations de l'opposition ayant opté malgré cela pour la participation au scrutin vont devoir « ramer » pour tenter de convaincre l'opinion et l'électorat qu'elles ont fait un choix responsable dicté par l'impératif s'imposant à elles de ne pas aggraver la crise politique dans laquelle le pays se débat. Ce que probablement ces derniers ne comprendront pas c'est en quoi la participation de ces formations aura une incidence positive sur la crise en question du moment que selon elles le scrutin ne va être ni honnête ni transparent et aura pour résultat la reconduction du statu quo générateur de la crise politique.

Il n'en sera pas autrement au vu que l'agitation suscitée dans le landernau partisan par le rapprochement de l'échéance électorale indiffère absolument les citoyens lambdas. Il va être rude pour les « participationnistes » de briser cette indifférence citoyenne même en tenant le discours le plus anti-pouvoir qui puisse et être problématique pour eux de présenter des listes électorales avec des candidatures susceptibles de drainer les votes des électeurs. Si comme le soutient l'opposition, les jeux sont déjà faits pour la prochaine élection car le scrutin sera inévitablement dévoyé par la fraude électorale déjà en marche pour certains d'entre eux, il paraît clair que les candidats « crédibles » qu'ils solliciteront se refuseront à s'embarquer dans une aventure à l'issue attendue de laquelle ils ne retireront que le discrédit d'avoir servi de caution « démocratique » à une opération servant à proroger le maintien en place du système et des forces à l'origine de la crise politique.

Pour nombre de partis de l'opposition ayant opté pour la participation, leur choix les a déjà placés en périlleuse posture: celle d'être confrontés à des dissidences internes ayant pour initiateurs et animateurs des cadres et militants réfractaires à une participation électorale aux conditions dictées unilatéralement par un pouvoir déterminé à pérenniser le statu quo politique mortifère dont pâtit le pays. La discorde qui enfle en intérieur dans les rangs de ces partis en fera encore plus des acteurs sans consistance et sans prise sur le déroulement de la compétition électorale. La conséquence inéluctable qui en découlera pour eux en est leur extinction qu'ils pensent pouvoir conjurer en se prêtant à l'opération de reconfiguration du champ politique que le pouvoir a décidé d'opérer avec ses méthodes et pratiques à travers les prochaines échéances électorales.

Ce pouvoir a raison de voir en ces échéances électorales un tournant politique décisif. Elles le seront d'autant qu'elles ont déjà mis à nu l'inconsistance de l'opposition censée incarner l'alternative politique par laquelle combler le vide qui menacerait le pays dans le cas de l'effondrement du pouvoir en place.