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AU FIL? DES JOURS : COMMUNICATION POLITIQUE : NOUVELLES DU FRONT ! (1ère partie)

par Belkacem Ahcène-Djaballah

Mercredi 7 décembre 2016 :

Révélations ! Deux agences de communication ont été engagées par le FCE pour gérer l'image du «Forum des investissements en Afrique» qui s'était ouvert à Alger le 3 décembre 2016.

La première a eu pour rôle d'assurer le marketing, les affiches, les placards publicitaires et le suivi et les différentes étapes du Forum puisque son patron (membre du FCE) a participé à toutes les phases de préparation de ces assises africaines.

La seconde agence basée dans la région parisienne, s'est vu confier une mission plus sensible consistant à faire du lobbying (dont une réception au Fouquet's à Paris, svp !) et à choisir les invités et les journalistes chargés de couvrir l'événement.

La liste a été envoyée au FCE qui l'a transmise au MAE, lequel l'a approuvée sans en référer, dit-on, aux «services» compétents... comme cela s'est toujours fait, que ce soit pour les journalistes ou pour toutes les autres «personnalités», tout particulièrement invitées dans un cadre institutionnel, d'ordre public ou privé. Cette liste est expédiée ensuite à l'ambassadeur à Paris pour établir les visas.

Ce dernier, manquant, paraît-il, de «vigilance et de perspicacité», puisque ayant connaissance de tous les dossiers, a établi les visas sans prendre les précautions d'usage. Il aurait donc permis l'octroi de visas à un certain nombre d'hommes d'affaires français hostiles à l'Algérie et franco-israéliens proches du Maroc. A-t-il été «limogé» pour cela ? Ou, alors, attendait-on la première erreur pour écarter quelqu'un ?peut-être pas toujours en odeur de sainteté- d'un poste très envié par les «chercheurs» de retraite dorée...

Jeudi 8 décembre 2016 :

C'est certain et on s'en aperçoit à tout moment, ici et là, lors des actes les plus anodins de la vie quotidienne ou lors délections: Internet a donné à la désinformation une plate-forme de diffusion sans égale. Nous sommes en plein âge «post-factuel»... Les faits comptent moins que les convictions, les réseaux sociaux écrasent le journalisme généraliste et créent des communautés affectives, les analystes et autres experts (dont les sondeurs) se cassent les dents sur les innombrables bulles de convaincus. C'est ce que Alain Frachon appelle la «stratégie du bobard», où les mots n'ont plus d'importance (l'exemple parfait est celui du Tumpisme), qui est en train d'envahir le monde, menaçant ainsi la démocratie.

Une vague qui ne touche pas le seul Occident, mais aussi le monde arabo-musulman, nous y compris, peut-être bien plus que les autres, les convictions religieuses mal digérées créant une «sur-confiance», conjuguées à une certaine ignorance éducationnelle aggravant les choses. La récente affaire du succès d'un complément alimentaire se faisant passer pour un remède miracle du diabète (un incroyable scandale !) n'est qu'une toute petite preuve du dérapage.

Dimanche 11 décembre 2016 :

Opposant historique et vainqueur de l'élection présidentielle ghanéenne (avec 53,8% des voix), Nana Akufo-Addo salue la bonne santé de la démocratie au Ghana et promet de redresser la croissance économique. Il a, par ailleurs, mis en garde les dirigeants africains qui refusent de quitter le pouvoir, affirmant qu'ils sont «à contre-courant de l'Histoire».

La campagne électorale aura été particulièrement serrée et tendue entre les deux candidats qui s'affrontaient pour la seconde fois mais, malgré quelques violences sporadiques, le Ghana a pu conserver sa réputation d'exemple de stabilité en Afrique de l'Ouest.

«Je pense que ceux qui refusent l'idée de compétition politique, d'élections libres, ne veulent pas s'engager dans la marche de l'Histoire ouest-africaine et africaine dans son ensemble où la démocratie se consolide», citant notamment la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso.

«Ce qui est en train de se passer en Gambie est vraiment regrettable», confie le nouveau président ghanéen, faisant référence au revirement surprise ce week-end de Yahya Jammeh, qui a... finalement... (Réflexion ? Pressions des «amis» ? Peur de re-devenir simple citoyen ? Mauvaise humeur ?...) déclaré qu'il n'acceptait pas sa défaite après plus de vingt années au pouvoir. Préparant son «coup d'Etat électoral» il a, auparavant, accordé des promotions à quelque 250 officiers et officiers supérieurs de l'Armée.

La Russie est-elle intervenue dans la présidentielle américaine pour faire gagner Donald Trump ? La question, pas nouvelle, revient sur le devant de la scène avec la révélation d'un rapport secret de la CIA par le Washington Post. Selon le quotidien américain, l'agence du renseignement intérieur «a identifié des individus, ayant des connexions avec le gouvernement russe, qui ont transmis à Wikileaks des milliers d'e-mails hackés du parti démocrate et du directeur de campagne d'Hillary Clinton.» Les mails du comité national démocrate, la plus haute instance du parti d'Hillary Clinton, avaient été révélés cet été, tandis que ceux de John Podesta, le directeur de campagne, ont été publiés en octobre.

En juillet, le New York Times avait déjà avancé que la société de Julian Assange avait obtenu ses informations via les services de renseignement russes.

Pour un officiel américain cité par le Washington Post, la certitude est maintenant acquise qu'il ne s'agissait pas seulement d'obtenir des informations, mais bien de pouvoir peser sur le scrutin : «La communauté du renseignement estime que l'objectif de la Russie était de favoriser un candidat par rapport à un autre, d'aider Trump à être élu» a-t-il déclaré lors d'une audition devant des sénateurs.

Selon le New York Times, cette certitude est renforcée par le fait que les services russes ont aussi hacké les ordinateurs du comité national républicain, mais ont gardé les informations obtenues au lieu de les transmettre. Ces révélations ont été publiées quelques heures après que la Maison Blanche ait annoncé que le président Barack Obama avait réclamé un «examen complet sur ce qui s'est passé lors du processus électoral 2016». La Maison Blanche a promis de partager les conclusions de ce rapport avec les élus du Congrès, mais souligné qu'il contiendrait nécessairement des informations très sensibles qui ne pourraient pas toutes être communiquées au grand public. «Il faut être clair: il ne s'agit pas d'une tentative visant à remettre en cause le résultat de l'élection», a aussi insisté Eric Schultz, porte-parole de l'exécutif américain. On l'aurait parié !

L'équipe de Donald Trump a immédiatement rejeté les conclusions de la CIA, jugeant que les analystes qui y sont parvenus «sont les mêmes que ceux qui disaient que Saddam Hussein disposait d'armes de destruction massive».

Décès des suites d'un Avc et d'une intervention chirurgicale, à Alger, à l'hôpital de Bab el Oued où il était hospitalisé ?comateux- depuis le 21 août 2016, après une grève de la faim entamé durant son emprisonnement (depuis le 28 juin 2016, car condamné à deux ans de prison ferme), de Mohamed Tamalt, un jeune journaliste freelance algéro-britannique (correspondant à Londres d'El Khabar et animateur d'un blog électronique d'informations). Un journaliste bravant des interdits, un (centre de ?) pouvoir rancunier, une justice «aveugle»... et la mort au bout, ainsi qu'une image de marque du pays (en matière de droits de l'homme) écornée. Précisions : il n'avait pas été arrêté à l'entrée du territoire... mais seulement à sa sortie... et, semble-t-il, il aurait été assuré que malgré ses critiques journalistiques sur son blog, il pouvait revenir sans peur au pays pour revoir sa maman malade. Faut-il continuer à croire en les promesses des politiciens au pouvoir ? Sâad Bouakba qui connaissait bien Tamalt nous dit que non !

Lundi 12 décembre 2016 :

Lu quelque part dans la presse. Une étude universitaire américaine de 1999, initiée à partir d'un fait divers aussi grave que ridicule (le braquage à visage découvert d'une banque par un individu qui pensait que le fait d'enduire son visage de jus de citron le rendait invisible ? il est connu que le jus de citron est bien pratique pour fabriquer de l'encre invisible), a tenté de comprendre pourquoi les incompétents se croient si doués. Test après test, les résultats sont constants : systématiquement, les sujets les moins aptes surestimaient de beaucoup leur capacité à réussir l'épreuve, ainsi que le nombre de questions auxquelles ils avaient répondu juste. A l'inverse, les plus doués des participants avaient un peu tendance à se dévaluer... Re-contrôle : Les «champions» s'aperçurent qu'ils étaient meilleurs qu'ils ne le croyaient, tandis que les cancres furent incapables de reconnaître la compétence des autres et de se remettre en question. Tout allait bien pour eux... et ils étaient très, très contents.

La «surconfiance» des incompétents... c'est déjà le fameux «effet Dunning-Kruger». Les chercheurs psychologues (américains, bien sûr !)... vont commencer à tester leur théorie sur leur nouveau président.

Mercredi 14 décembre 2016 :

Tout a commencé avec un reportage diffusé à la télévision. Nous sommes début 2016, Echourrouk News propose à ses téléspectateurs un sujet sur l'innovation en Algérie. Dans le document, Toufik Zaïbet est présenté comme l'inventeur d'un remède miracle contre le diabète. Le sujet fait le buzz et le «docteur» Zaibet est demandé partout. Le ministre de la Santé le reçoit, avec caméras et photographes pour immortaliser l'instant.

Le média mène une véritable campagne en faveur de ce produit «miracle» découvert par un «chercheur algérien».

On connaît la suite. Début décembre, un diabétique âgé de 75 est transféré en urgence au centre hospitalo-universitaire de Constantine dans un état comateux. L'homme avait abandonné son traitement à l'insuline et s'est contenté de «Rahmat Rabi» qu'il avait acheté en pharmacie. D'autres victimes sont enregistrées à Oran. À chaque fois, c'est le même profil : des diabétiques qui ont abandonné leur traitement pharmaceutique pour se contenter de «Rahmat Rabi».

C'est le ministère du Commerce qui réagit en premier. Il met en garde contre l'utilisation du complément alimentaire dénommé «RHB» commercialisé au niveau des pharmacies. Toufik Zaïbet fait de la résistance et continue de défendre son produit. Dans la presse et sur les plateaux de télévision, il dénonce, pêle-mêle, «la concurrence», «la jalousie», «les saboteurs»? Il menace de poursuites judiciaires tous ceux qui oseront encore affirmer que son produit est dangereux.

Enfin, le ministère de la Santé ordonne pour sa part aux pharmacies de cesser la commercialisation de «Rahmat Rabbi».

L'histoire de ce complément alimentaire présenté au début comme un médicament lève le voile sur de graves et inquiétants dysfonctionnements qui touchent plusieurs secteurs. D'abord, le nom (à connotation religieuse) du produit aurait pu alerter les autorités : Rahmat Rabi (la Miséricorde de Dieu) ou RHB. Le nom de «Dieu» utilisé à toutes les sauces commerciales... (et vendu au prix fort !), et il y aurait, semble-t-il, bien d'autres «médications» ayant emprunté la même voix. Comme, d'ailleurs, par le passé, certaines arnaques immobilières ou de ventes de véhicules.

La victoire du «bobard» ! Plus c'est gros, mieux ça passe ! Ajoutez-y quelques «amitiés particulières» par-ci, par-là...

A suivre