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Ouyahia contre «redresseurs»: Du rififi au RND

par Yazid Alilat

  Le Secrétaire général du Rassemblement National Démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, n'aurait pas apprécié que ses opposants, affublés du sobriquet de «redresseurs», tiennent une réunion des militants de l'est du pays et décident de mettre en place une sorte de SG-bis. En réaction à la réunion tenue, samedi, à Bejaïa, par la ligne dure des «redresseurs», qui avaient appelé les militants à dénoncer «la manière dont est géré le parti, l'éviction et la marginalisation de ses cadres», Ouyahia aurait demandé qu'une douzaine de membres de l'opposition soient traduits en conseil de discipline. De sources concordantes, la direction nationale du RND a décidé de sanctionner les organisateurs de la réunion de samedi, à Bejaïa, de militants de l'est du pays. Elle a demandé, en envoyant un fax, signé du SG du parti, au bureau de wilaya de Bejaïa «de traduire au plus vite», une douzaine de militants devant le conseil de discipline. Objectif : les radier des rangs du parti, a indiqué une source du RND, à Béjaïa. Les ?redresseurs', parmi lesquels il y a Mokhtar Boudina, Mustapha Yahi, Smati Zoghbi, Nouria Hafsi, Mokhtar Boudina, Tayeb Zitouni, Ali Sahel ou Kacem Kébir, entre autres «opposants» à Ouyahia, sont notamment accusés par la direction du RND d'avoir tenu une réunion illégale.

Le courroux de la direction du parti est surtout motivé par la décision des ?redresseurs' de créer une sorte de bureau national ?bis', avec des commissions de coordination et de suivi, à l'échelle des wilayas. En fait, la réunion de Béjaïa samedi, qui a regroupé les militants du RND, opposés à la ligne d'Ouyahia de tout l'est du pays, a fait réagir la direction du parti, qui veut sanctionner les récalcitrants».

Pour l'un de ces ?redresseurs', Zoghbi Smati Kamel, la sanction a été déjà prise ?il y a une dizaine de jours' contre les cadres du parti. «Ouyahia est un usurpateur», a-t-on indiqué au «Quotidien d'Oran', avant de souligner que la direction du RND ne peut «traduire en conseil de discipline des centaines de militants. Et puis, lorsqu'il s'agit d'un membre du conseil national, c'est la Commission nationale de discipline qui est habilitée, dans pareille situation.» «Ouyahia va-t-il ainsi traduire tous les militants (du RND, Ndlr) en conseil de discipline ?» s'est interrogé Zoghbi Kamel. Pour lui, «Ouyahia a usurpé sa fonction, il est illégitime.» En outre, «il s'est autoproclamé SG par intérim, alors que dans les textes et statuts du RND, cela n'existe pas».

Les griefs de ce cadre du RND ne s'arrêtent pas là, car, selon lui, après avoir préparé le départ de Bensalah, Ouyahia «a transformé un congrès extraordinaire en congrès ordinaire, et il a subtilisé son mandat.»

Objet d'un bras de fer entre les partisans d'Ouyahia et les cadres du parti qui voulaient organiser, en mai dernier, un congrès extraordinaire, pour la succession d'Abdelkader Bensalah, la tenue de ce congrès, qui a intronisé Ouyahia, à la tête du parti, s'est faite de manière «non démocratique», selon l'opposition, qui avait dénoncé la tenue de ce congrès et le coup de force d'Ouyahia, qui aurait marginalisé dans la foulée les cadres du RND. Saisi par les ?redresseurs' par deux fois, le Conseil d'Etat les a déboutés par deux fois. La première fois, en juillet dernier, pour invalider la tenue de ce congrès, la seconde fois, au mois de novembre dernier, pour invalider ses résultats.