La commune d'Oran a fait coup double : agrémenter son paysage urbain tout en engrangeant une coquette somme. Longtemps laissée pour compte, la publicité urbaine est enfin appréciée à sa juste valeur par la collectivité. Dès lors qu'il y a eu volonté collective, la suite était simple comme bonjour : un cahier des charges, un avis d'adjudication et l'affaire est conclue.

Dix milliards et 600 millions. C'est la cagnotte qui sera injectée dans les caisses de la municipalité au titre des recettes générées par la concession des espaces publics pour les prestations publicitaires. Et «ce n'est qu'un début», pour reprendre Noureddine Boukhatem qui compte bien renforcer ce chiffre d'affaires par l'exploitation d'autres sites et la mise en place d'autres offres sur le marché de la «publicité extérieure» en vue d'en tirer le maximum pour le plus grand bien de la ville. Au-delà de la rentabilisation de cette ressource fort importante, qui ne profitait qu'aux annonceurs de tout bord, et des 10,6 milliards de recettes réalisées et mises au compte du BP 2017, c'est l'impact de cette démarche en terme d'image urbaine qui est à mettre en exergue. En effet, la publicité représente, à divers égards, un phénomène urbain considérable. Elle tapisse les murs de la ville de ses multiples images sans cesse renouvelées agrémentant le paysage de son inépuisable vitalité. Elle imprègne ainsi la matérialité urbaine et souligne sa pluralité usant des diverses formes et supports d'expression dont elle dispose (panneaux, abribus, colonnes Morris, publicité lumineuse, tramway, bus?). Ce faisant, elle participe à la construction du décor, à l'élaboration urbanistique, à l'image, mais également à la symbolique de la ville. Incorporé à la dimension concrète de la cité, son impact s'étend directement à la dimension abstraite qui lui est indissociable. L'effet de la présence publicitaire dans la ville atteint, de ce fait, la sphère sociale, imaginaire et idéologique de l'espace urbain. Elle se définit comme un élément du quotidien de la ville qui s'incorpore dans l'ensemble des dimensions de cette entité hypercomplexe (économiques, géographiques, culturelles, politiques, sociales?). L'exploration des relations entre ce fait social total et l'environnement oranais permet de constater le degré et la diversité des liens qui les unissent pour affirmer finalement que la publicité peut être considérée comme une véritable institution urbaine.

Autre temps, autre gamme de produits «pub»

Ainsi, ce sont 15 annonceurs, sur un total de 17 soumissionnaires, qui ont été retenus à la faveur d'une adjudication mettant en jeu 183 sites à travers les 12 secteurs urbains, pour un montant global de revenus de 10 milliards. Trois jeunes opérateurs ont été également retenus à la faveur d'une 2ème tranche du même marché, en application de l'article 56 du décret présidentiel 12-23 du 18 janvier 2012 qui invite les différentes administrations à réserver prioritairement et exclusivement 20% de leurs commandes aux micro-entreprises créées dans le cadre des dispositifs Ansej et Cnac, et ce pour un montant global de 600 millions.

En application du cahier des charges, élaboré par la Division de la réglementation générale (DRG), la trésorerie communale a déjà encaissé un bon pourcentage du montant de la transaction, versé par les adjudicataires retenus au titre de la garantie d'avance de paiement.

La priorité ayant été donnée à la qualité du panneau, ce dernier «doit être d'une qualité supérieure, esthétique et homogène, de style de ville, conforme aux normes nationales et internationales et doit s'intégrer dans le paysage urbain», est-il noté au préambule du cahier des charges. Il y est encore souligné que «plusieurs opérations de mise à niveau de l'adjudication des points d'ancrage des panneaux publicitaires seront programmés au fur et à mesure des besoins et des contraintes».

Au chapitre des obligations de l'adjudicataire, on note des obligations liées à la livraison et l'installation du panneau publicitaire, des obligations liées à l'entretien du panneau publicitaire et du mobilier urbain, obligations à l'égard de l'autorité compétente (désignation d'un représentant dûment mandaté par l'adjudicateur, respect scrupuleux du contenu publicitaire aux bonnes mœurs, lois et règlements, interdiction d'affiches à caractère politique et/ou partisan, sauf dérogation).

Selon des sources au fait du marché, c'est une révolution qui ne dit pas son nom qui va s'opérer dans le circuit publicitaire de la ville d'Oran, avec l'installation prévue d'écrans géants LED, totems vidéo, panneaux LED, panneaux déroulants, panneaux Trivision, panneaux rétro-éclairés et autres supports publicitaires haut de gamme.