Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Le cap de bonne espérance !

par Moncef Wafi

Après les échecs des accords de la Zale et de l'UE, l'Algérie se tourne vers l'Afrique. La fin de la dépendance des ressources pétrolières oblige, l'économie algérienne s'intéresse davantage au commerce avec le continent noir qui ne représente aujourd'hui qu'à peine 0,25% de l'ensemble des flux des exportations du pays vers le reste du monde. Le Forum africain d'investissement et d'affaires qui s'est ouvert hier à Alger a tout l'air du premier pas engagé par le pays en direction de l'Afrique. Un pari fort à plusieurs variables d'autant plus risqué qu'il concurrence directement la politique marocaine en terre africaine. Un pari qui n'est pas aussi gagné d'avance puisqu'il se heurtera de front à la présence quasi exclusive de la France et de la Chine sur ces marchés.

L'Algérie a tout à gagner à encourager et surtout faciliter les exportations des produits made in et pour le secteur public et privé. Si des exemples d'entreprises algériennes exportant en Afrique sont cités, ils restent une exception dans un secteur qui offre la proximité géographique et les bonnes intentions politiques. Pour les exportateurs nationaux, les mêmes griefs retenus contre l'administration reviennent en boucle comme l'absence d'infrastructures idoines, les délais de livraison et la sempiternelle équation de la lourdeur bureaucratique. La réglementation sur les changes est également évoquée pour promouvoir une économie exportatrice en direction des pays africains. Sur ce dernier point, et conscient du danger de la crise, l'Etat a instruit la Banque d'Algérie de lever certains obstacles réglementaires pour permettre aux industriels algériens d'exporter en Afrique.

Cet intérêt même s'il revêt une urgence économique n'en est pas moins politique. Face à son voisin monarchiste, Alger a perdu beaucoup de temps et d'influence diplomatique en se détournant de sa première destination naturelle. Depuis quelque trois ans, Rabat a tissé sa toile sur le continent en multipliant ses échanges commerciaux et en renforçant sa présence diplomatique en vue de son retour au sein de l'Union africaine. Cette politique d'entrisme a eu pour effet de rallier certaines capitales africaines aux désidératas de Mohamed VI sur le dossier sahraoui. Si l'Algérie est en retard sur le Maroc, rien ne dit que la partie est mal engagée puisque le Sommet afro-arabe qui s'est tenu en Guinée équatoriale a été hautement préjudiciable à la diplomatie marocaine qui avait cru disposer de la bienveillance africaine achetée à prix fort.

En appelant au retrait des délégations pour cause de la présence des Sahraouis à ce rendez-vous, Mohamed VI n'a pu compter en fin de compte que sur le soutien de ses pairs arabes qui l'ont suivi. Ni retrait ni annulation de la réunion des pays africains ont accentué cette désillusion naissante et ses conséquences sur la place réelle du Maroc en Afrique.