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Exportations hors hydrocarbures: mirage ou réalité ?

par Kharroubi Habib

Booster impérativement les exportations hors hydrocarbures pour permettre au pays de sortir de sa dépendance à risque aux revenus que lui procure sa ressource énergétique est un slogan que les dirigeants algériens martèlent en toute circonstance mais sans avoir créé les conditions qui auraient permis d'atteindre cet objectif.

Ahmed Ouyahia fut de mémoire le premier responsable étatique en tant que chef de gouvernement dans les années 90 à prôner la nécessité pour l'Algérie de promouvoir ses exportations hors hydrocarbures en fixant à l'époque le cap des deux milliards de dollars à atteindre annuellement. Dans le contexte des années 90, la barre fixée par l'ex-chef du gouvernement avait été décriée comme impossible à approcher du fait que trop haute pour ce que l'Algérie pouvait exporter dans ce cadre-là. Deux décennies plus tard et alors que la prévision de deux milliards de dollars à réaliser hors hydrocarbures se concrétise annuellement péniblement, il s'impose à l'Algérie d'exporter hors hydrocarbures beaucoup bien plus que deux milliards de dollars le poids de sa dépendance aux revenus pétroliers qui s'amenuisent alors que la facture de ses importations enfle inexorablement.

C'est autant dire que la nécessité dont Ouyahia a été le premier chantre est toujours d'actualité pour le pays et se posant en terme beaucoup plus impératif que celui qu'elle avait dans les années 90. Pour ne pas en arriver là, il aurait fallu que les autorités dirigeantes du pays ne se cantonnent pas à claironner qu'elles font de l'exportation hors hydrocarbures l'objectif de leurs politiques économiques et de développement, mais sans s'attaquer de façon résolue aux obstacles qui en font une utopie.

Depuis que le pays est soumis à la pire crise financière qui se puisse, cet objectif est de nouveau visé par les autorités en place avec cette fois, semble-t-il, la conscience de leur part qu'il leur faut impérativement stimuler les potentialités algériennes qui peuvent concourir à sa réalisation. C'est ce que l'on peut déduire de la stratégie à laquelle elles se sont arrêtées non sans tâtonnements et parfois d'incompréhensibles contradictions de vision entre ceux qui ont eu la charge de la conceptualiser. Néanmoins et globalement cette stratégie adoptée par elles va dans le bon sens car misant sur l'émergence d'une économique diversifiée et productive à même de fournir au pays les capacités d'une exportation hors hydrocarbures qui ne soit pas de l'ordre du ridicule.

Prenons pour anticipation méritoire les efforts que font les autorités pour sensibiliser les acteurs économiques algériens à l'indispensable connaissance et maîtrise par eux des arcanes des échanges commerciaux avec l'étranger (l'organisation par elles du Forum algéro-africain et à ce titre une positive initiative). Ce qui risque cependant de n'être qu'un coup d'épée dans l'eau si l'économie diversifiée et productive devant insérer le pays dans le circuit des échanges planétaires avec des atouts indéniables pour relever les défis de la concurrence se révèle n'être qu'un mirage que ces autorités auront fait naître sans être convaincues que ce qu'il donne à espérer aux Algériens soit possible.