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Recouvrement des impôts et investissements: Les 26 communes sommées de créer de la richesse

par Mokhtaria Bensaâd

  Les communes sont sommées de ratisser aussi large que possible pour renflouer leurs caisses. L'ère de l'assistanat est révolue et il faudrait retrousser les manches pour créer de la richesse et stopper les dépenses faramineuses inutiles. C'est le message fort adressé, mercredi dernier, aux maires d'Oran lors d'une journée d'études sur le recouvrement de l'impôt local et l'investissement, organisée par l'Assemblée populaire de wilaya. Un message qui reste tributaire d'une totale mise à niveau de ces APC qui pour certaines ne cessent de crier famine et pauvreté et qui pour d'autres croulent sous les dettes et la mauvaise gestion. La nouvelle politique du gouvernement est de secouer le cocotier de ces Assemblées élues ainsi que le staff administratif afin de leur permettre de remonter la pente. Mais si théoriquement le dispositif mis en place pour revaloriser ces collectivités apparaît cohérent, sur le terrain ces APC semblent encore perdues pour retrouver le nord, en absence d'une étude profonde sur leur état des lieux, leurs problèmes, leur gestion et la gestion des ressources humaines afin de repartir sur de nouvelles bases. Si ces communes ont longtemps pris le pli avec l'assistanat, comment les «déplier» aujourd'hui si l'on sait que certains comportements et mentalités ont la peau dure ?

Lors de la rencontre du mercredi, les maires et les membres de l'exécutif présents ont longuement écouté les directives du directeur général de la Caisse de solidarité et de garantie des collectivités locales (CSGC), Gaidi Brahim, comme dans un cours magistral insistant sur la nécessité de créer des richesses, de changer de comportements, de renforcer le recouvrement de l'impôt local et axer sur l'investissement. Un discours de sensibilisation ordinaire. Quant au wali d'Oran, son intervention sera plus directe et plus pragmatique en lançant à l'assistance qu'il n'existe pas de recette miracle ou ordonnance. Il faut que ces communes comptent sur elles-mêmes et travaillent pour renflouer les caisses. «Aujourd'hui, il y a une nouvelle vision pour la gestion des collectivités locales. Il faut considérer ces collectivités comme des entreprises. Des entreprises qui soient capables de créer un chapitre spécial pour couvrir les salaires de leurs employés. La commune d'Oran par exemple a la possibilité de régler ce déficit en matière de payement des salaires. Il suffit juste le concrétiser sur le terrain».

Cependant, l'intervention du directeur de l'Administration locale (DAL), Mohamed Benkeltoum, a été plus terre à terre en mettant le doigt là où ça fait mal. Il a mis en garde les élus contre les dépenses faramineuses inutiles qui risquent de peser lourdement sur le budget de la commune au point de ne plus pouvoir assurer les salaires des employés. Il a également averti contre les recrutements abusifs du personnel, atteignant pour certaines communes les 300%.

Dans un entretien avec la presse, M. Benkeltoum a expliqué qu'il existe 3 domaines de réflexion: inciter les communes à aller chercher la richesse, revaloriser leur patrimoine, stopper les dépenses, trouver d'autres gisements fiscaux, parafiscaux, procéder aux recouvrements tels que la taxe de séjour que les communes côtières ne font aucun effort pour la percevoir. Il faut aussi essayer de créer une capacité d'autofinancement.

Pour sa part, le professeur Yellès Bachir Chaouche, de l'université d'Oran, estime que lors de cette rencontre, «On a donné des conseils, des injonctions, alors qu'il faut faire un diagnostic pour savoir pourquoi ils ont des biens qui sont inexploités. Pourquoi il y a des taxes d'imposition qui ne sont pas recouvrées, pourquoi l'assiette de certains biens n'est pas déterminée et revalorisée. Il ne suffit pas donc de faire juste le constat mais un diagnostic et essayer de changer les mentalités. On attend toujours que l'Etat intervienne pour le logement, l'emploi. Une culture qui a été inculquée par l'Etat. Maintenant, il faut inculquer une autre culture». Pour cela, il faut agir sur plusieurs fronts en même temps. Il a ajouté que s'il y a incompétence, c'est parce que «le personnel n'a jamais été choisi sur la base de critères. Pourquoi, il n'est pas exigé d'un président de l'APC ou des vice-présidents un certain niveau intellectuel du fait que c'est un gestionnaire qui va gérer des milliards et il n'a aucune idée sur la gestion des finances. Cette situation ne relève pas uniquement de la responsabilité de l'Etat mais celle des partis politiques qui ne veulent pas l'assumer. Il faut donc revoir les critères de sélection de ces gestionnaires».