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Retour à la case départ

par Moncef Wafi

En reprenant l'ancienne formule d'un bac à cinq jours au lieu des quatre annoncés auparavant par la ministre de l'Education nationale, approuvée à l'unanimité en Conseil des ministres, le gouvernement vient de nouveau apporter de l'eau au moulin à ses détracteurs. En faisant marche arrière sur la durée du bac, pourtant vendue comme l'une des bases de la réforme de l'examen, Benghebrit engage la crédibilité d'un gouvernement qui n'en finit plus de se désavouer, se dépouillant des derniers lambeaux de cohérence qui lui restent.

Après la loi sur la retraite, le bac s'inscrit dans cette logique de gouvernance sous la contrainte de la rue et on a beau le dire, le constater, les événements ne font que renforcer la piètre image qu'ont les Algériens de responsables incapables de faire face à la pression extérieure ou carrément incompétents puisqu'ils prennent apparemment les mauvaises décisions sans se référer aux professionnels du secteur. D'où cette impression pesante de ministres naviguant à vue sans réelle feuille de route. Des ministres travaillant chacun dans son coin, pondant des réformes présentées comme le résultat d'un travail de plusieurs années pour être à la fin désavoués par l'opinion publique.

Avec ce retour à la case départ, Benghebrit met un terme final à une réforme du baccalauréat qui aura été au centre d'un bras de fer entre traditionalistes, gardiens autoproclamés du temple, et réformateurs frileux débordant à la fin sur le terrain idéologique. Au-delà des détails fournis par la ministre sur cette marche arrière qui réjouit les lycéens, qui se sont mobilisés, et des syndicats spectateurs, la question qui se pose est cette propension des ministres à prendre des décisions unilatérales sans en référer à l'environnement professionnel.

Dans le cas de figure qui nous intéresse, comment a-t-on pu rationnellement décider de réduire la durée du bac tout en ne l'élaguant d'aucune matière au passage ? Dans ses explications, la ministre avait évoqué la possibilité d'alléger les sujets examinés. N'y a-t-il pas un droit de regard hiérarchique, une commission de contrôle des réformes engagées par les différents ministères et qui se sont avérées être une catastrophe ? Les Algériens sont en droit de savoir comment et par qui sont prises les décisions cruciales qui impactent leur quotidien. Ils attendent également, plutôt espèrent que les responsables paient leurs erreurs de gestion qui ont fait faire à l'Algérie une longue marche en arrière.