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Sur «instruction» de Bouteflika: La retraite sans condition d'âge maintenue pour deux ans

par Moncef Wafi

Il aura fallu l'intervention personnelle du président de la République pour que le Parlement n'adoube pas en totalité la nouvelle loi sur la retraite, objet de toutes les controverses et qui a poussé l'intersyndicale autonome de la fonction publique à la grève.

Les députés ont ainsi adopté, hier, à la majorité, un amen dement verbal présenté par le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale au projet de loi relatif à la retraite «sur instruction du président de la République Abdelaziz Bouteflika». Cet amendement concerne les salariés qui ont cumulé 32 ans de service et qui peuvent prétendre à la retraite sans condition d'âge. Une dérogation temporelle, puisqu'elle ne court que sur deux années, qui devra atténuer dans un premier temps les conséquences des nouveaux textes de loi sur les salariés.

Une loi qui a été complètement bénie par la Commission de la santé, des affaires sociales, du travail et de la formation professionnelle à la Chambre basse qui avait estimé, courant cette semaine, que les nouvelles mesures du projet de loi seront garantes des droits des générations futures à la pension de retraite. Elle avait également évoqué la pérennité du financement de la Caisse nationale des retraites (CNR) sur la base du principe de solidarité intergénérationnelle.

Que va changer cet amendement ? Les avis sont partagés et selon certaines lectures, il serait une manœuvre dictée par le besoin de calmer le front social et de gagner du temps en attendant des jours meilleurs. En effet, il n'est pas exclu d'inscrire cet amendement dans la durée pour peu que la crise budgétaire qui frappe le pays passe avec la hausse des prix du baril. Une condition dont ne pourrait certainement pas se suffire les syndicats autonomes qui insistent sur le rejet de cette loi sur la retraite. Pourtant, il est fort à parier que cette dérogation, aussi serrée dans le temps qu'elle est, devra pousser certains syndicats à réfléchir sur d'autres moyens de contestation. En effet, et même si on ne peut pas parler ouvertement de fissure dans le mur de l'intersyndicale, certains sigles commencent à évoquer d'autres pistes à étudier. Et c'est dans cette optique que plusieurs syndicats autonomes du collectif de l'intersyndicale ont appelé, ce mardi, au dialogue pour essayer de trouver des solutions à même de permettre la réforme de la retraite.

Le président du Syndicat national autonome des praticiens de santé publique (SNPSP), Lyes Merabet, a déclaré à l'APS qu'«il faut ouvrir les canaux du dialogue avec les syndicats autonomes», déplorant l'exclusion de ces derniers des commissions qui ont élaboré les projets de décisions issues de la tripartie de mars dernier. Pour lui, «il n'est pas trop tard pour corriger le tir», appelant le gouvernement à ouvrir la voie à tous les syndicats nationaux pour débattre de la question de la retraite.

Une promesse faite par Sellal qui avait déclaré que les portes du dialogue restaient ouvertes mais après l'adoption du projet de loi. Reste maintenant à connaître la liste des métiers à haute pénibilité promise, elle aussi, après le vote de l'APN et qui risque de faire encore des mécontents.