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Instance de surveillance des élections: Les réponses de Benflis à la présidence de la République

par Z. Mehdaoui

«Notre pays a besoin d'un changement qui lui ouvre de nouveaux horizons, lui offre de nouvelles ambitions et le réconcilie avec l'espoir et la confiance en soi desquels dépend l'unité des rangs de la Nation une et indivisible», a répondu le parti de Benflis à l'invitation à la présidence de la République au sujet de sa sollicitation pour prendre part aux consultations entrant dans le cadre de la désignation du futur président de l'instance de surveillance des élections.

Ali Benflis, qui évoque dans sa lettre, une impasse sans précédent du pays, affirme que les prochaines échéances électorales, tenues avec le même esprit et dans les mêmes conditions que leurs devancières, ne sont pas de celles dont on peut légitimement attendre une réponse déterminante aux vrais problèmes politiques, économiques et sociaux qui sont tous dans l'attente d'un traitement réel, effectif et diligent.

«Notre pays passe par l'une des phases les plus critiques de son Histoire contemporaine. Il fait face à une impasse politique totale qui prend la forme d'une crise de régime manifeste. Il est confronté à une crise économique d'une exceptionnelle gravité. Il est menacé par une montée des tensions sociales. C'est dans leur simultanéité que réside le caractère hautement sensible de l'ensemble de ces défis qui se posent à la Nation», ajoute le parti Talai El Houriat qui souligne que dans un tel contexte aussi grave, faire comme si de rien n'était et ériger les prochaines élections-échéances en opération routinière me semble mener le pays, encore une fois, à passer à côté de l'essentiel ; l'essentiel étant, en l'espèce, l'impasse politique qui ne peut plus continuer à être ignorée, la crise économique qui ne se résoudra pas sans efforts, sans sacrifices et sans courage et la montée des tensions sociales qui ne saurait être conjurée qu'à travers le retour de la nécessaire confiance dans la relation entre les gouvernants et les gouvernés.

Ali Benflis déplore que la loi organique portant régime électoral de même que celle relative à la «haute» instance «indépendante» de surveillance des élections auront été autant d'occasions manquées.

«Il est vain d'y chercher et hors de propos d'y trouver quelques signes que ce soit d'une rupture avec les pratiques du passé dans lesquelles s'incarnait et s'incarne toujours la négation de l'Etat de droit et le manquement aux normes démocratiques universellement admises», est-il écrit dans le courrier adressé au ministre d'Etat, chef de cabinet de la présidence, Ahmed Ouyahia.

La lettre note clairement que les deux lois organiques en question n'ont, en aucune manière, été orientées vers la correction des dysfonctionnements du système politique national sans laquelle la réhabilitation de la citoyenneté et du choix du peuple souverain de même que l'avènement de l'Etat de droit et le bon fonctionnement démocratique de la société demeureront hors de notre portée.

«Ces deux lois organiques n'ont pas allégé l'emprise de l'appareil politico- administratif sur les processus électoraux, elles l'ont alourdie ; elles n'ont pas réduit son hégémonie sur les phases de préparation et d'organisation des élections qui conditionnent tout le reste, elles l'ont confortée», soutient Ali Benflis qui souligne en ce sens que les deux lois organiques n'ont pas éliminé les foyers de la fraude électorale existants, elles en ont ajouté de nouveaux.

Plus clair encore, l'ancien chef du gouvernement affirme que l'instance de surveillance des élections n'est pas conçue comme instrument de prévention et de dissuasion de la fraude, elle n'a pour raison d'être que de la perpétuer sous de nouvelles formes qui sont vouées à être de nul effet sur la sincérité, l'intégrité et la transparence des scrutins à venir.

«Le devoir de franchise et de sincérité que nous avons envers notre peuple commande instamment de lui dire que rien n'a fondamentalement changé et que le changement qu'il attend n'est pas encore à l'œuvre», soutient Benflis qui conclut en affirmant que les consultations sur la présidence d'une instance, quelle que soit sa performance, ne changeront rien au cours discrédité des processus électoraux nationaux.