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Après les déclarations de Poutine et d'un ministre saoudien: Le pétrole à son plus haut depuis un an

par Moncef Wafi

Les pays producteurs de pétrole, membres de l'Opep ou pas, ont bien compris que pour booster les prix du baril, il est impératif de passer par la réduction de la production. Un postulat défendu et porté en évidence, lors de la préparation de la rencontre d'Alger qui a, immédiatement, conditionné le marché pétrolier sitôt l'annonce de la réduction des quotas rendue publique. Si l'Opep table, théoriquement, sur un baril entre 50 et 60 dollars susceptible de stopper, un tant soit peu, l'hémorragie des budgets intérieurs, l'Arabie Saoudite va un peu plus loin, en estimant par le truchement de son ministre de l'Energie qu'un baril à 60 dollars est envisageable d'ici la fin décembre prochain. «Nous voyons une convergence de l'offre et de la demande. Il n'est pas impensable qu'on arrivera à un baril à 60 dollars, d'ici la fin de l'année», a déclaré Khaled al-Faleh, lors d'une allocution au Congrès mondial de l'Energie à Istanbul. Si les marchés enregistrent une tendance haussière depuis la décision du Cartel, le 28 septembre dernier, de ramener sa production à un niveau de 32,5 à 33 millions de barils par jour, contre 33,47 mbj en août, les Saoudiens avertissent contre une décélération brutale et drastique de la production qui pourrait induire des effets contraires. Ce scénario a, déjà, été évoqué par les experts de la puissante banque américaine ?Goldman Sachs' mettant en garde contre cette démarche qui risque de se retourner contre l'Organisation. Ils estiment que si l'accord débouche sur la hausse ultérieure des prix du baril et qu'il entraîne une intensification des exportations depuis les pays non membres de l'Opep, il risque d'être contre-productif pour l'Organisation. En deux mots, s'il y a gel, les prix vont monter et les pays producteurs non membres du cartel vont augmenter leur production pour profiter de cette embellie. D'où l'importance de la déclaration du président russe Vladimir Poutine qui a clairement indiqué, hier, depuis Istanbul, que son pays était prêt à se joindre aux mesures destinées à réduire la production de pétrole pour doper les cours. «La Russie est prête à se joindre aux mesures pour limiter la production», a-t-il affirmé. Il ajoutera que «dans le contexte actuel, nous pensons qu'un gel ou une réduction de la production de pétrole est le seul moyen pour préserver la stabilité du secteur de l'Energie et accélérer le rééquilibrage du marché». L'annonce de Poutine conforte les déclarations de son ministre de l'Energie qui avait déjà affiché la disposition de Moscou, à prendre part à des discussions sur un gel de la production de pétrole si l'Organisation discute de la question. Des déclarations qui font bouger le marché, dans un sens ou l'autre, et chaque phrase, chaque rumeur est analysée.

Dans cette optique, Noureddine Boutarfa, a estimé, jeudi, que l'Opep avait de la marge pour abaisser encore plus sa production que ce qui avait été annoncé à Alger. Ces propos ont suffi à relancer les spéculations sur des mesures ambitieuses du Cartel face à la surabondance, alors que le marché reste sceptique sur la concrétisation de ce nouveau projet d'accord. Des doutes qui peuvent être renforcés par les sous-entendus menaçants du ministre saoudien qui, tout en évoquant un possible choc sur le marché et le risque de provoquer «un processus susceptible d'être nuisible», pour les pays membres de l'Opep, a prévenu que le plan de transformation économique de l'Arabie Saoudite serait appliqué, quel que soit le prix du pétrole. «Le royaume sera prêt à s'accommoder du prix quel qu'il soit», a-t-il précisé, affirmant que son pays est prêt à faire face à toute augmentation de la demande.

Conséquence des déclarations de Poutine assurant que la Russie était prête à se joindre aux mesures prises par l'Opep à Alger, pour limiter la production, le prix du baril de Brent grimpait, hier après-midi, évoluant à des plus hauts jamais atteints, depuis un an. Vers le début de l'après-midi, le cours du baril de Brent de la mer du Nord valait 53,50 dollars, son niveau le plus fort depuis octobre 2015. A New York, le pétrole a, également, ouvert en hausse soutenu par des déclarations russes et saoudiennes, alors que les pays producteurs de brut, membres et non membres de l'Opep, tenaient, hier, une réunion en marge du Congrès mondial de l'Energie, à Istanbul. Ainsi, le cours du baril de «light sweet crude» (WTI), référence américaine du brut, gagnait 71 cents à 50,52 dollars sur le contrat pour livraison en novembre sur le ?New York Mercantile Exchange' (Nymex). « Les dernières nouvelles sont bonnes et c'est pour cela que le prix monte », a expliqué Bob Yawger de ?Mizuho Securities' USA.

Les investisseurs cherchent à déceler les signes de progression des négociations en vue de concrétiser un accord de réduction de l'offre décidé par l'Opep, fin-septembre, à Alger.