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Des constats et des malédictions

par Ahmed Farrah

Il nous est facile de faire des constats sur notre société et sur nous-mêmes, comme on le fait chaque jour. Souvent, cette démarche d'auto-flagellation n'est qu'une réponse à l'échec et au désespoir menant tout droit à l'abdication devant nos faiblesses. Le coupable parfait est, presque toujours, vite désigné : soit l'autre, l'étranger responsable de tous nos maux, soit le proche et traître, soit le frère siamois qui nous partage le ventre, nous affame et nous colle au corps pour ne pas nous libérer de lui. Le sadisme, le masochisme et la lâcheté dessinent notre arrogance et notre fausse fierté qui ne coûte pas un sou dans le marché des valeurs.

C'est ainsi qu'à la seule évocation de la puissance de l'État d'Israël, beaucoup d'entre nous se voient outragés et ne l'admettent pas. Et pourtant, Israël est dans le cœur de la géographie du Moyen Orient, il a des relations directes ou indirectes avec les pays arabes, tel le Qatar, cher à certains qui lui trouvent des vertus et des affinités idéologiques bien exprimées dans le conflit syrien et dans ses rapports avec l'Iran.

Lors des obsèques de Shimon Peres, les Israéliens qui ne jurent que par le maître incontesté de la planète, n'avaient d'yeux que pour les Obama, l'ancien président Clinton et le prince Charles. Tous les autres présidents et les chefs de gouvernements ayant assisté à cette cérémonie, têtes couvertes de kippas noires, comptent peu ou pas pour eux, se sont sentis ridiculisés par Benyamin Netanyahou suite à l'entorse aux règles protocolaires de circonstance.

Que peut un Mahmoud Abbas face à ceux qui ont mis le monde à leurs pieds, même si l'on sait que l'esprit de la politique n'est pas l'image qui se dégage d'une action décriée ou pas par ceux qui la voient. Il devrait sortir de la dormance que lui ont imposée ses ennemis et ses faux-frères. La brèche dans la « diplomatie des funérailles » était étroite et le risque trop grand. L'humiliation et la déconvenue est une sensation déplaisante et un leader sait tout cela.

Le fardeau est lourd et seul celui qui le porte est éreinté.

Donc, cessons de gloser inutilement dans l'obscurité anesthésiante, parce que les autres savent que c'est la seule spécialité que nous maîtrisons le mieux. Ce n'est pas avec des mots et des états d'âme qu'on peut affaiblir un ennemi. En réalité, Israël ne l'est pas vraiment pour ces pays qui y trouvent leurs intérêts étroits et leur immunité acquise. Israël investit dans l'homme et les Arabes dans le mépris d'eux-mêmes. Il ne faut pas se cacher la face en adoptant la posture de l'autruche, parce que le quotidien amer le crie à tous ceux qui ne veulent pas l'entendre. Les douleurs de notre société nous font mal, nos corps crient de tous les organes. Les remèdes existent et sont notés dans les livres savants et visibles dans le monde dominant qui nous jalouse le corps et l'esprit. Mais qui osera les prescrire pour une société fixée à ses amulettes porte-malédictions ? Une révolution mentale est nécessaire !