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Mercuriale: Les prix chauffent

par Yazid Alilat



Avec une inflation qui a frôlé les 6%, les prix de détail des principaux produits alimentaires avaient explosé au mois d'août dernier, une période qui correspond pourtant à la profusion des produits agricoles de saison.

Il n'en est rien, pourtant, selon le ministère du Commerce, selon lequel la « surchauffe » était au rendez-vous avec des hausses générales pour les prix de détail des produits alimentaires, qu'ils aient été produits localement ou importés.

Pêle-mêle, les hausses ont concerné les prix du lait en poudre infantile (+12,3%), la levure sèche (+10,5%), le riz (+7,1%), les pâtes alimentaires (+7%), la farine conditionnée (+6,3%), le concentré de tomate (+5,6%), le thé (+5,3%), le sucre blanc (+2,3%), le café (+1,7%), les huiles alimentaires (+1%) et la semoule ordinaire (+0,1%), alors que le lait en poudre est le seul produit à enregistrer une baisse de 2,6%. Soit près de 10% des produits de consommation les plus courants, en particulier le lait en poudre, le café et le sucre, un produit importé, conditionné en Algérie puis réexporté.

Ailleurs dans les autres filières et hormis les haricots secs (baisse de 7%), tous les autres produits enregistrent une forte augmentation des prix, dont les pois chiches (+60,4%) et les lentilles (+22,1%). Tout comme d'ailleurs certains produits agricoles frais comme l'ail importé (+28,7%), l'ail local sec (+18,2%) ou la tomate fraîche (+17,6%). Légère décrue par contre pour l'oignon sec (-31,4%) et la pomme de terre (-8,3%), alors que pour les viandes blanches, le prix du poulet marquait une nette reprise de 13,7%.

Pour la viande ovine locale, les prix moyens ont diminué de seulement 0,6% alors que ceux de la viande bovine locale ont reculé de 0,3%, contre une hausse de 1,5% pour la viande bovine congelée.

La dérégulation du marché algérien des produits alimentaires frais ou conditionnés ne s'arrête pas là, puisque les différences de prix se répercutent au niveau national. Si le prix moyen de la pomme de terre était à 38 DA/kg dans la Mitidja (région de Blida) en août dernier, il était par contre de 56 DA à Ouargla, l'ail local coûtait 333 DA/kg sur les étals de Saïda contre 464 DA à Alger. Même scénario pour les haricots verts qui valaient 110 DA/kg dans la Mitidja contre 142 DA à Bechar et Ouargla, tandis que la carotte se vendait à 57 DA/kg à Sétif et 78 DA à Ouargla.

Le kilogramme de pommes locales vendu à 43 DA à Batna est cédé à 210 DA à Oran, alors que les dattes, qui sont vendues à 344 DA/Kg à Ouargla, remontent à 695 DA à Sétif.

Bref, au niveau national, les prix des produits agricoles et les fruits les plus courants sont marqués par une grande « élasticité », que le coût des transports ne peut à lui seul expliquer, à plus forte raison justifier, puisque la tomate fraîche, un produit de saison, est cédée à plus de 50 DA/kg et que celle dite « industrielle », qui se vendait à moins de 15 DA/kg il y a quelques années, est revendue au même prix que la tomate de consommation.

En fait, ces hausses s'expliquent par une forte hausse de l'inflation au mois d'août dernier par rapport à la même période en 2015, avec un taux de 5,8%, selon l'Office national des statistiques (ONS). Quant à la variation annuelle des prix à la consommation, c'est-à-dire la croissance des prix en août 2016 par rapport à août 2015, elle a enregistré une hausse de 7,4%.