Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Ministère de l'Energie: Les ratés de la «com»

par Ghania Oukazi

Le succès de la réunion extraordinaire d'Alger a fait passer aux représentants des médias nationaux et internationaux, leur colère face au manque de professionnalisme avéré de certains cadres du service communication de l'Energie.

Il est important d'évoquer les lacunes qui ont émaillé les derniers événements d'Alger pour ce qu'ils ont d'important dans l'amélioration de l'image d'un pays comme l'Algérie qui peine à avoir une bonne presse, localement et à l'étranger. Les faits sont têtus.

Saisis par courriel, plusieurs jours avant la date de la tenue de ces événements «énergétiques», les représentants de la presse ont eu un très grand mal à se faire accréditer auprès du staff de la Communication du ministère de tutelle. «Convoqués» à 10h du matin du lundi 26 septembre, c'est-à-dire une journée avant la tenue du FIE15, beaucoup d'entre eux n'ont pu retirer leur badge que tard dans la soirée, certains même à 1h du matin du mardi 27 septembre. L'on dit que les listes établies auraient été perdues à travers les couloirs de cette immense et luxueuse bâtisse. Peu importe ce qui s'est passé mais la cacophonie y régnait. Pis, les photos exigées et envoyées par courriel n'ont servi à rien puisque les journalistes devaient remettre des photos sur place (sans qu'ils ne soient prévenus à l'avance). Pourtant tout était électronique, il ne fallait qu'appuyer sur les touches pour faire «glisser» le travail. Si l'on sait d'avance que ce sont les services de la direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) qui se chargent de fabriquer les badges pour pareils événements, pour des raisons évidentes de contrôle et de sécurité, les responsables de la «Com» de l'Energie ont failli à leur mission de réceptionner convenablement et à temps les documents nécessaires des journalistes et techniciens.

La presse entre provocation et privilège

Ceci, en raison de la profonde incompatibilité d'humeur qui régnait au sein de ce service et de surcroît, crevait les yeux. Il faut noter que lorsque Bouterfa a remplacé Khebri comme ministre de l'Energie, à sa descente du Telemly où il gérait la Sonelgaz, vers le Val d'Hydra, siège du ministère, il avait ramené dans ses bagages «ses proches compagnons de service» marginalisant ainsi de fait, leurs homologues qui ont résisté après le départ de plusieurs ministres, avant lui. Les résultats d'une telle situation ont été d'un niveau désolant pour l'encadrement des événements d'Alger. Entre autres décisions des nouveaux ou précisément de la nouvelle arrivée, dans la «Com» de l'Energie, interdiction formelle de remettre le casque de traduction aux journalistes dans des réunions où la langue anglaise avait totalement dominé. Du coup, pour paraître bien, les responsables algériens ont oublié que l'Algérie est un pays où l'arabe et le français sont par excellence les langues de travail de la grande majorité des citoyens et des administrations. Ils ont même occulté le fait que l'école algérienne n'a insisté que sur leur apprentissage. La chargée de la Communication avait instruit les équipes chargées des casques de traduction de ne les remettre qu'aux cameramen (?!?) parce que ceux qui ont placé le matériel de sonorisation dans la salle de conférences du CIC ?Abdelatif Rahal', n'ont pas pris la précaution d'installer du matériel pour que les micros des caméras puissent enregistrer le son. C'est ainsi que l'absurde avait pris le dessus sur les règles du professionnalisme. Les techniciens avaient le casque de traduction pour ne prendre que le son, alors que les journalistes devaient se débrouiller pour prendre des notes. L'explication vaut au cas où à l'énergie, on n'a pas saisi les fonctions des uns et des autres. Il se pourrait qu'une telle instruction a été prise parce que la chargée de la «Com» parle anglais, ce qui est bien et utile à condition de ne pas empreindre cet acquis d'excès de zèle. A en juger de sa décision de ne faire rentrer dans la salle de réunion de l'OPEP qu'une seule télévision, privée celle-là. Il a fallu de peu pour qu'elle soit lynchée par les autres représentants des télévisions nationales et internationales.

Quand l'excès de zèle sévit

Instruction venue d'en haut pour qu'une télévision privée bénéficie d'un tel privilège ou juste un comportement de copinage? Peu importe de qui décide de quoi mais au CIC, il y a eu des prises de bec, d'une insolence sans pareilles, entre la chargée de la «Com» et les techniciens. L'intelligence aurait dû prévaloir pour éviter ce genre de spectacle. Il est vrai que la corporation manque de discipline. Il était donc inutile de la provoquer. «Asseyez-vous ! Please, take a seat !» lançait la dame énervée, aux techniciens qui se ruaient sans aucun égard, vers les animateurs de la conférence de presse.

Les journalistes courraient pendant deux jours dans tous les sens pour savoir où se tenaient les réunions dans l'espoir d'arracher des déclarations aux participants. Pourtant la chose la plus simple était de les informer par le biais d'affichage sur les nombreux écrans de «plasmas» accrochés sur tous les murs du CIC. A la conférence de presse animée par Bouterfa à la fin du 15ème FIE, l'interprète était arrivé un quart d'heure en retard, avec le bras dans une manche de sa veste et l'autre en dehors, sans un bout de papier ni stylo. C'est dire que l'improvisation était grossière.

Autre fausse note mais celle-là dépasse cette responsable, les journalistes étrangers étaient escortés par les services de sécurité dès leur arrivée à l'aéroport. Il est connu qu'il y a mille et une méthodes de surveiller des étrangers, ceci, si le pays hôte tient, malheureusement, à le faire. La première raison de cet «encadrement» est justifiée par des problèmes de sécurité. L'on se demande alors comment un pays comme l'Algérie qui se targue d'être «exportateur net de la paix» puisse convaincre de sa bonne foi, en la matière.