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Les «injonctions» du patronat

par Moncef Wafi

Pour le président du FCE, le gouvernement ne fait pas assez pour mettre l'entreprise au centre de la politique de développement ou plutôt dans la politique de reconversion économique dictée par la dépendance de l'Algérie aux seules recettes d'hydrocarbures. Ali Haddad, et à l'occasion de la deuxième université d'été de l'organisation qu'il préside, a tiré sans sommation sur la politique du gouvernement qui, selon lui, se contente d'une profusion de textes et de déclarations officielles, appelant à «plus de radicalité» et à accélérer la cadence des réformes. Ali Haddad n'est pas content et il le fait savoir.

Depuis que Louisa Hanoune est passée en mode silence après la tentative de redressement qu'elle a subie, aucune voix discordante ne vient perturber la voix néolibérale que veut faire prendre Hadad au pays. En effet, le patron du FCE avait indiqué que les facteurs qui constituent un véritable frein à l'économie nationale sont à chercher dans le foncier industriel, le blocage des budgets en ce qui concerne les projets publics et le système des subventions généralisées. Haddad explique que «l'Etat ne peut plus subventionner comme il faisait à l'époque où le pétrole était à 100 dollars», appelant cyniquement à plus de justice sociale lui qui avait, en 2015, défendu la hausse des prix de l'électricité et des carburants retenue dans la loi de finances 2016.

De Constantine, il a exprimé son impatience face à la lenteur des réformes qui ne vont pas assez vite à son goût, affirmant même que l'Algérie a trois, voire quatre ans pour réussir sa «transition d'une économie de rente vers une économie productive». Il critiquera, à demi-mot, le nouveau code de l'investissement avouant l'échec d'«un véritable changement». L'attitude d'un Bouchouareb censé défendre l'Etat consacre, et définitivement, l'image d'un gouvernement attentif aux désirs d'un patronat jamais satisfait. En effet, le ministre de l'Industrie enverra des signes forts au FCE déclarant que «tout est possible en Algérie» à propos des réformes à mener. Et pour montrer sa bonne foi, il évoquera 27 mesures initiées par son département depuis 2014 qui répondent directement aux préoccupations des chefs d'entreprise et visent à améliorer l'environnement des affaires.

Sur ce dernier point, il est contredit par les déclarations américaines sur la nécessité d'améliorer le climat des affaires pour prétendre attirer les investissements directs étrangers en Algérie. Pour davantage de concessions, Bouchouareb a également déclaré qu'un avant-projet de loi sur le partenariat public-privé est en préparation assurant qu'il s'agira d'un «tournant pour l'économie» du pays.