Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Bonifier l'accord d'Alger

par Mahdi Boukhalfa

L'accord pratiquement ?'arraché'' de force à certains membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, mercredi tard dans la soirée à Alger, est un acquis important et un bon point pour l'Organisation. Il y a d'abord cette volonté des ?'14'' de parler d'une même voix, ce qui est un point positif à relever à l'issue de cette réunion informelle qui s'est transformée en réunion extraordinaire, ce qui a ouvert la voie à un pré-accord en attendant la confirmation de cette décision à la réunion ministérielle de novembre. Il y a ensuite les répercussions de cet événement, qui ne s'est pas produit depuis 2008, c'est-à-dire la fin de la ?'désunion'' des membres de l'Opep, sur les marchés de l'or noir et les milieux financiers, comme pour les investisseurs. Une bonne décision donc bonne à prendre dans le contexte géopolitique et économiques actuel. Car d'un côté il y a les tensions des conflits armés et sécuritaires dans certaines parties du monde, qui pourraient influer sur les prix de l'or noir, et de l'autre côté cette traumatisante crise économique mondiale, qui tarde à prendre fin. Les pays de l'OPEP ont donc tranché dans le vif en allant vers un accord, en fait un ?'pré-accord'', qui sera ensuite officialisé et appliqué techniquement en novembre prochain à Vienne, et donner ainsi un signal fort de cohésion aux marchés, et aux pays partenaires les plus industrialisés du monde. Un autre message également aux autres pays producteurs, en particulier les Etats-Unis, gros producteurs de pétrole et gaz de schiste, et qui ont dû fermer des dizaines de puits à la suite de la dégringolade des cours. Mais, surtout à la Russie, qui produit un peu plus de 11 mbj, et qui pourrait devenir un allié de poids dans la stabilité du marché pétrolier. Selon des experts, l'OPEP devrait maintenant travailler à définir les quotas de réduction de chaque pays, même si on parle de l'exemption de la Libye et le Nigeria, deux zones de conflits avec l'impossibilité de produire techniquement leur quotas de production, avec une ?'fleur'' à l'Iran qui pourrait aller jusqu'à un peu plus de 3,7mbj, sans atteindre le niveau demandé de 4,1 mbj. Mais, au delà de ces faits, il y a aussi la pression financière sur les grands pays producteurs de l'OPEP, l'Arabie Saoudite en tête, qui aura fait d'énormes concessions pour ce pré-accord, acculée par une chute des recettes et un budget déficitaire de plus de 100 milliards de dollars. Vu sous cet angle, il est clair qu'à Alger, les ?'14'' et en particulier l'Arabie Saoudite, qui produit près de 10 mbj, ont foncièrement adouci leur position pour aller vers un scénario jusque-là inimaginable, une réduction de production, ou, tout au moins, un gel de la production à ses niveaux actuels de l'Organisation. Pour autant, certaines zones d'ombres persistent encore, concernant cet arrangement, notamment les concessions envisagées pour matérialiser l'accord formel de réduction ou de gel de la production globale de l'OPEP, actuellement à un peu plus de 33,5 mbj. Pour autant, les analystes de marchés estiment qu'avant de tirer des ?'conclusions hâtives, il est prudent d'attendre la mise en œuvre concrète des décisions prises à Alger». D'autant qu'il faut un moment pour voir le marché se stabiliser, même si les cours ont rebondi hier vendredi à un peu plus de 49 dollars, sans atteindre le seuil psychologique de 50 dollars. Maintenant, il reste aux ?'14'' de l'OPEP de bonifier l'accord d'Alger en allant vers les autres producteurs pour les sensibiliser à prendre des décisions communes pour relancer durablement les cours de l'or noir, avec au moins une limitation de la production dans le contexte actuel de surabondance de l'offre sur un marché saturé.