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Recherché par la police française: Un ex-membre du GIA se laisse arrêter en Suisse

par Moncef Wafi

Recherché depuis deux semaines par la police française, l'ancien membre du Groupe islamique armé (GIA), Merouane Benahmed, 43 ans, a été arrêté, ce jeudi, en Suisse plus précisément à Vallorbe, dans le canton de Vaud, a annoncé l'Office fédéral suisse de la Justice (OFJ). Assigné à résidence à Evron, dans l'ouest de la France, depuis décembre 2015, il avait disparu des radars depuis le 8 septembre, après avoir séché l'un de ses 4 pointages quotidiens à la Gendarmerie. Les autorités locales ont fait, immédiatement, boucler le centre-ville d'Evron alors que l'intervention des forces de l'ordre n'avait rien donné et un mandat de recherche international aurait été délivré. Ce jeudi, c'est Merouane Benahmed apparemment bien renseigné sur la législative helvète concernant les expulsions qui s'était présenté, de lui-même, au Centre d'enregistrement et de procédure de Vallorbe pour y déposer une demande d'asile. Informés de son identité, les fonctionnaires du Centre ont alerté les services de sécurité et les gendarmes du groupe d'intervention de la police cantonale vaudoise ont procédé à son interpellation, le jour même. Entendu par le procureur, l'Algérien a été placé en détention. Très bien conseillé sur sa destination, ce dernier s'est opposé à la procédure simplifiée d'extradition vers la France et sera dorénavant assujetti à la procédure dite ordinaire. Concrètement, cela signifie que Benahmed joue la montre, gagnant du temps après que ses demandes d'asile formulées auprès d'autres pays soient restées sans suite.

La Suisse devra désormais, demander à Paris d'envoyer à Berne une demande formelle d'extradition et les autorités helvètes d'analyser ensuite, cette demande avant d'y répondre. Merouane Benahmed pourra, une nouvelle fois, s'opposer à son extradition, si celle-ci venait à être décidée. L'OFJ prendra ensuite sa décision, une décision qui sera aussi susceptible de recours, auprès du Tribunal pénal fédéral et, en dernière instance, auprès du Tribunal fédéral. L'Algérien, marié et père de 4 enfants, qui a fui son pays en 1999, a été condamné à 10 ans de prison en France, dans le cadre de l'affaire des filières tchétchènes, soupçonnées de projeter des attentats à Paris. Libéré en 2011, il vivait, depuis sous le régime de l'assignation à résidence, la Cour européenne des droits de l'Homme ayant refusé son extradition parce qu'il a, par ailleurs, été condamné à mort par contumace, en Algérie. En juillet 2015, il avait été condamné à 4 mois de prison à Quimper pour ne s'être pas présenté à la Gendarmerie alors qu'il était déjà contraint de le faire 4 fois par jour, dans le cadre de cette même assignation à résidence. En France, le non-respect d'une assignation est un délit passible de prison. Cette complexité des procédures a été mise à profit par de nombreux Algériens condamnés dans le cadre de la lutte antiterroriste et qui se sont réfugiés en Suisse. Le dernier événement juridico-médiatique remonte à l'été dernier et concerne Rachid Mesli, ex-avocat de plusieurs dirigeants historiques du FIS dissous, condamné par contumace, à 20 ans de prison pour terrorisme et faisant l'objet d'un mandat d'arrêt international, réfugié politique en Suisse depuis 2000. Alger avait introduit une demande d'extradition auprès des autorités italiennes profitant du fait que Mesli ait été arrêté, le 19 août 2015, par les carabiniers au Grand-Saint-Bernard. Selon les déclarations du ministre de la Justice, Garde des sceaux, Tayeb Louh, l'Algérie devait présenter à l'Italie, dans les délais, la demande d'extradition de l'ex-avocat. Finalement, le 15 septembre 2015, l'Italie avait décidé de mettre fin à sa résidence surveillée, l'autorisant à retourner en Suisse.