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L'espoir algérien est permis

par Kamal Guerroua

Le changement ne sera jamais un vent mauvais pour l'Algérie mais, bien au contraire, un courant d'air frais pour peu qu'on sache agir et marcher avec intelligence dans la direction des aiguilles de la montre de notre époque. Autrement dit, être optimistes, souples, pragmatiques et en mesure de saisir aussi bien nos potentialités naturelles, économiques, touristiques, etc. que les chances qui se présentent à nous (être à la fois à la tête de la locomotive maghrébine, le leader de l'Afrique et un des acteurs géostratégiques principaux dans la Méditerranée). Cela est d'autant plus pressant que, de nos jours, le corps épuisé de la nation a besoin de sang neuf, d'une bouffée d'oxygène vivifiante, d'une nouvelle élite managériale, jeune et ambitieuse à la hauteur des attentes citoyennes, d'un nouveau système éducatif qui réponde aux canons d'un monde en constante évolution, d'institutions fiables, démocratiques et «débureaucratisées», d'une armée forte et apolitique, d'une bonne dose de volonté et d'une batterie de mesures exemplaires dans tous les secteurs où l'activité traîne. Parions alors sur les effets heureux de la jeunesse de notre population pour prendre le taureau par les deux cornes et faire bouger le plus vite possible la machine. En effet, si les contours de la crise actuelle nous sont devenus difficilement lisibles, c'est parce que quelque chose nous a échappé du sens de cette époque-là que nous vivons. C'est-à-dire qu'on ne sait guère quoi faire face à cette mondialisation-laminoir qui a cassé toutes les frontières et les a rendues fragiles, l'invasion économique et culturelle des pays développés, la modernité, les droits de l'homme et la métamorphose inquiétante des relations internationales, etc. Autant de problématiques qui paraissent paradoxalement plus compliquées par rapport au passé. L'Algérie est gagnée par un profond sentiment de vulnérabilité et la performance de ses dirigeants s'avère extrêmement décevante, voire frustrante. En outre, plus personne ne veut vraiment mouiller sa chemise afin de décrasser le pays de cette lèpre de la corruption. On dirait que tout s'emboîte pour installer dans les esprits «une rhétorique de la peur du chaos» et une logique déprimante d'attachement au statu quo ! Or, s'il y a une leçon à tirer de nos expériences, c'est que, souvent, c'est le résultat des actes qui paie et non plus la mélodie des verbes baignés dans un populisme-maison.

Pas question de faire marche arrière mais d'avancer dans des réformes prometteuses qui cadrent avec un Etat de droit cohérent, le respect des libertés et la consécration d'une véritable démocratie participative. Le contexte de faillite prématurée du «Printemps arabe» est un argument contestable pour que nous renoncions à réfléchir aux moyens et voies «pacifiques» susceptibles d'engendrer le changement. Bref, il ne faut pas qu'on se laisse enivrer par le pactole que génère la rente ni décourager par l'ampleur de notre retard à tous les niveaux. Moins qu'une corvée inutile, la modération dans notre approche des solutions sera la manière la plus efficace pour appréhender nos enjeux sociétaux au propre comme au figuré.