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Le mensonge américain ne prend plus

par Kharroubi Habib

Par l'exploitation de l'universelle indignation suscitée par l'effroyable et inacceptable attaque qui a visé près d'Alep le convoi humanitaire onusien destiné à la population de cette ville, et qu'ils se sont empressés de mettre sur le compte du camp du régime syrien, les Etats-Unis se sont imaginé pouvoir rééditer contre celui-ci un coup à l'identique de celui qu'ils lui ont porté quand ils l'ont accusé d'user d'armes chimiques contre la population à savoir le contraindre à se soumettre à leurs exigences.

Sauf que les Nations unies ayant fini par prendre conscience que les accusations américaines étant sans preuve et destinées à les manipuler pour obtenir qu'elles entérinent les exigences des Etats-Unis à l'encontre de Damas, elles se sont abstenues de reprendre à leur compte celle attribuant à l'aviation syrienne la criminelle attaque du convoi humanitaire onusien. Même les Etats les plus radicaux dans leurs positions à l'égard du régime syrien se sont abstenus d'abonder dans le sens voulu par les Américains et se sont limités à dénoncer l'attaque et à réclamer que lumière soit faite sur ses auteurs. Cette fois, il est incontestable que Washington a essuyé un sévère revers diplomatique en se retrouvant seul à affirmer pour certaine la responsabilité du camp du régime.

Un isolement qui n'a pas permis à John Kerry d'obtenir des Nations unies qu'elles donnent leur aval à la proposition d'instauration en Syrie d'une zone d'exclusion aérienne pour l'aviation du régime au-dessus des positions où se trouve la prétendue rébellion «modérée». Par leurs présentations contradictoires de ce que seraient les preuves qui ont permis à l'Amérique d'accuser le camp du régime, les diplomatiques et responsables militaires de ce pays ont déboussolé leurs plus fervents soutiens parmi les Nations unies tant ce que les uns et les autres leur ont débité des choses et leurs contraires. Tout ce qu'ils ont avancé pour créditer la thèse américaine de la responsabilité du régime et de son allié russe n'a pas été étayé par l'exhibition de ce qui pourrait passer pour une preuve.

Pourtant les Etats-Unis claironnent qu'ils disposeront de preuves irrécusables mais refusent de les porter à la connaissance des Nations unies auxquelles ils réclament de se prononcer contre le régime et son allié en se fiant à leur seule présentation des faits s'agissant de l'attaque subie par le convoi humanitaire onusien et d'approuver la proposition qu'elle a « inspirée » à leur secrétaire d'Etat : l'exclusion aérienne qui affaiblirait inéluctablement ses forces armées face à leurs ennemis en clouant au sol leur aviation. Par ce stratagème alliant le forcing médiatique créditant la responsabilité du régime dans l'attaque et le développement d'arguments mensongers pour donner un semblant de réalité à leur accusation, les Américains se sont une nouvelle fois déconsidérés et ont démontré qu'ils persistent dans la manipulation des opinions publiques à coup de cyniques opérations de désinformation. George W. Bush et Colin Powell ont certes quitté le pouvoir aux Etats-Unis mais ils l'ont remis à des émules qui ont assurément rêvé de faire « mieux » qu'eux en matière de cynisme et de travestissement des causes et raisons dont découlent la politique internationale de leur pays et les actes et positions qu'elles leur font assumer dans sa mise en œuvre.