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Pays de l'OPEP: Une réunion «extraordinaire» pas écartée, à Alger

par Mahdi Boukhalfa

Les pays producteurs de pétrole et de gaz vont prendre des décisions importantes pour arriver, lors de leur rencontre à Alger, fin-septembre, à stabiliser le marché mondial de l'Energie. Mais, également, pour discuter d'un ensemble de questions relatives autant à la démocratisation de l'accès de tous les peuples de la planète à une énergie durable, qu'à l'utilisation et la commercialisation du gaz, les énergies renouvelables et une meilleure offre énergétique mondiale. C'est ce qu'a déclaré, hier, mardi, à la Chaîne 3 de la Radio nationale, le ministre de l'Energie Noureddine Bouterfa, qui s'est déclaré « optimiste »' quant aux résultats de la très attendue rencontre informelle des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Il a, d'abord, confirmé que tous les pays producteurs de pétrole et de gaz, dont ceux de l'OPEP, ont confirmé leur participation au 15ème Forum international de l'Energie (IEF). « L'enjeu de ce forum est qu'il n'y a pas de stabilisation des marchés et cela porte préjudice aux pays producteurs », a-t-il dit, avant de donner le programme de ce forum. « Ce seront des sessions closes, les ministres vont parler librement, il y aura plusieurs sessions, dont une session sur le pétrole avec des pays comme la Russie, l'Iran et l'Arabie Saoudite ».

Au menu de ce forum, « il y a, aussi, le marché du gaz, qui est une source d'exportation pour nous, il y a, aussi, le marché du GNL, qui est en train de modifier la donne et de la commercialisation du gaz naturel, et il y aura, également, le renouvelable, qui est la carte énergétique du futur, l'accès à l'énergie, la pauvreté et un monde plus juste pour l'accès à l'Energie. » Sur la réunion informelle des pays de l'OPEP, M. Bouterfa a indiqué qu'elle se tiendra, juste à la fin du Forum, probablement, en début d'après-midi du 28 septembre. « Toutes les concertations sont bonnes pour trouver une solution consensuelle au problème (des prix) », a-t-il dit.

« Le forum est une réunion ministérielle qui est de très haut niveau, c'est un cadre qui a été construit depuis 25 ans, à un moment où le monde de l'Energie était déstabilisé par des prix d'énergie et de pétrole très bas, le prix était au-dessous de 15 dollars à l'époque, qui ne permettait pas d'assurer la sécurité à long terme. »

Optimisme pour un consensus à Alger

Pour le ministre de l'Energie, « on voit très bien que le marché a besoin d'être soutenu, d'être guidé, les prix sont bas et la relance économique mondiale n'est pas là, il y a une croissance très molle, ce qui peut perturber le marché, à moyen et long termes ». Et donc, « il faut que le marché réagisse, et les pays producteurs ont intérêt à dialoguer, ensemble, on a besoin d'un coup de pouce pour aider les marchés à se stabiliser », a-t-il souligné, sur la question de savoir s'il y aura à Alger un accord pour le gel de la production. A Alger, les pays membres de l'OPEP vont tenir une réunion informelle, « ce qui permettra aux membres de l'Organisation de discuter, mais dans ce genre d'organisation, il y a la réunion et toutes les tractations en amont de cette réunion.

Donc, on verra, le 27 septembre si cette réunion aboutira à une réunion extraordinaire. Elle s'ouvrira, selon les habitudes, en réunion informelle, mais les ministres pourront décider de tenir une réunion extraordinaire », explique M. Bouterfa qui a précisé qu' « on travaille sur les deux voies possibles, et nous avons le devoir d'en faire une réussite et d'arriver à un consensus. » Le premier pas pour arriver à relancer les prix est de geler la production, et « il faut prendre en compte le marché avec des prix qui fluctuent entre 40 et 45 dollars, et pour agir sur les prix, il faut réduire l'offre et les stocks. C'est un premier pas, il faut geler (la production), mais il faut savoir à quel niveau de production », souligne, encore, le ministre de l'Energie, selon lequel « l'OPEP ne peut prendre, toute seule, le fardeau, il faut un consensus au sein de l'Organisation. Mais, de l'autre côté, il faut que les pays non-OPEP nous accompagnent dans cet effort de gel. » « Nous faisons en sorte pour qu'il y ait une décision, et qu'à Alger on puisse aboutir à une réunion formelle ou extraordinaire », a-t-il dit, avant de préciser que « pour le gel, il faut du temps pour réduire les stocks, la demande est molle. Il faut au moins 9 mois pour faire remonter les cours à plus de 50 dollars, et il y a le pétrole de schiste qui peut venir perturber le marché. »

Par ailleurs, le ministre de l'Energie a rappelé qu'un baril à moins de 50 dollars, « ne nous permet pas d'assurer la sécurité de l'approvisionnement, à moyen ou long terme ; le monde ne pourra pas supporter un autre choc pétrolier. L'OPEP reste encore, un acteur déterminant dont le monde a besoin pour stabiliser le secteur », explique M. Bouterfa, qui a affirmé que « jusqu'à présent, l'OPEP a réussi à dépasser les crises, politiques entre pays membres », précisant que « je ne rentre pas dans les débats politiques, nous ne tenons pas compte de la crise politique » entre pays membres. Sur les résultats de la rencontre « informelle » de l'Opep, il s'est dit « optimiste ». « Oui, bien sûr, il faut être optimiste, nous travaillons pour avoir un résultat, nous sommes optimistes, les décisions ont été prises, ce sera une réunion importante, je pense que la responsabilité de chacun devrait l'emporter. Nous sommes en très bonnes relations avec l'ensemble des membres, et il faut porter le dialogue à un haut niveau de responsabilité », estime le ministre qui a indiqué que « l'Algérie peut jouer les facilitateurs. » Car, selon lui, la situation sur le marché pétrolier mondial exige des interventions urgentes.

L'équilibre du marché en question

« Il y a une croissance de 1,2 mbj, et un excèdent d'un mbj: accroître les stocks n'est bon pour personne, donc il faut réduire, il faut équilibrer le marché, on travaille pour cela », a-t-il dit, relevant que « la question est de trouver le bon compromis pour ne pas déstabiliser les pays producteurs et trouver un accord accepté par l'ensemble des 14 pays membres de l'O3 et les non OPEP. » « C'est un peu compliqué, mais il y a des scénarios et des solutions qui se dessinent, il y a beaucoup de contacts bilatéraux, et c'est l'intérêt de tous les pays », relève encore M. Bouterfa, qui estime, cependant, que « l'OPEP a assez de ressources pour trouver des solutions à l'ensemble de ces questions. Beaucoup de pays seront présents en Algérie, et ce sera une opportunité unique qui permettra d'espérer une décision, qui pourrait rendre service à l'Economie mondiale. »

Quant à la situation interne née de la crise financière induite par des prix bas de pétrole, il a relevé que « dans le contexte actuel, l'Algérie reste dépendante des hydrocarbures, et la question est comment en sortir. Le gouvernement y travaille, avec des cours moyens à 50 dollars le baril, on ne va pas se projeter à un baril à 80 dollars, il faut accélérer l'avènement d'une industrie algérienne, réformer le cadre financier. On a besoin de financements, et à côté, avec un pétrole à 50-60 dollars/baril, on peut soutenir le développement national. » Enfin, sur le renouvelable, il a déclaré que c'est « une priorité nationale », avant de rappeler que les investissements prévus à court terme par Sonatrach sont de 70 milliards de dollars.