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Encadrée par un "cahier des charges": Retour à l'importation des véhicules d'occasion

par Mohamed Mehdi

Au dernier Conseil des ministres, le ministre du Commerce, Bakhti Belaïb, a reçu mandat "d'accélérer le processus d'adhésion à l'OMC" dont il critique le retard qu'il attribue à une "vision idéologique" qui "n'a pas lieu d'être" puisque "des pays comme la Chine en sont membres". Invité au Forum économique d'El Moudjahid, le ministre du Commerce a également annoncé le retour, dans le cadre du projet de loi de finances 2017, de l'importation des véhicules d'occasion qui sera encadré par un "cahier des charges".

M. Belaïb a entamé la rencontre en affirmant que le "système des licences d'importations", instauré pour trois produits (véhicules, ciment et rond à béton), a fait économiser à l'Algérie "six milliards de dollars" en 2016, par rapport au niveau des importations de ces produits de 2014. Selon lui, les licences d'importation seront élargies à d'autres produits industriels, pour protéger la production nationale, mais également des produits agricoles, comme le soja et le maïs. "Si les contraintes à la balance commerciale venaient à s'aggraver, nous prendrons d'autres mesures", a ajouté le ministre, expliquant que "même dans le cadre de l'OMC", des mesures de restrictions à l'importation peuvent être prises en cas de déséquilibre de la balance de paiement.

Evoquant l'adhésion de l'Algérie à l'OMC, Bakhti Belaïb, qui rappelle que le processus a commencé en 1997, estime que la démarche a été otage d'une "vision idéologique" alors que les "tenants de cette idéologie", comme la Chine, en sont "déjà membres". Pour le ministre du Commerce, sur les 193 questions actuellement au menu des négociations d'adhésion à l'Organisation, "certains aspects sont indéfendables", et cite, à titre d'exemple, "l'importation des véhicules d'occasion". "Nous avons accepté de lever cette interdiction en introduisant un cahier des charges", a-t-il annoncé, précisant que cela sera fait dans le cadre du projet de loi de finances 2017. Toujours à propos de l'OMC, M. Belaïb annonce que l'Algérie va "accélérer le processus d'adhésion avec les majeurs" de l'Organisation, citant les Etats-Unis et le Canada. Pour l'intervenant, le "coût de la non adhésion à l'OMC est supérieur à celui de l'adhésion".

Manque de compétences

Bakhti Belaïb enfonce le clou en affirmant que l'Administration algérienne "ne dispose pas de compétences" en mesure de "déceler les mesures anti-dumping".

Interrogé sur la Zale (zone arabe de libre échange), le ministre du Commerce a fait savoir que l'Algérie fait partie de quelques pays (dont l'Egypte et le Maroc) à avoir adopté la "liste négative" des produits interdits à l'importation car elle considère que la valeur ajoutée de ces produits doit être d'au- moins 60%. Le Maroc et l'Egypte ont fixé, a-t-il précisé, à "trois ans" la durée de validité de cette liste négative. Mais selon M. Belaïb, l'étonnant dans ce chapitre, c'est que dans la liste négative établie par l'Algérie, figurent "au moins 400 produits" qui "n'ont jamais fait l'objet d'échanges".

Autre mesure annoncée, pour le projet de loi de finances 2017, le ministre du Commerce affirme que "plusieurs taxes seront réintroduites". Selon lui, c'est désormais l'importateur qui doit assumer la facture de destruction de produits importés (avariés ou autres). "Des milliers de conteneurs abandonnés (dans des ports secs) depuis 2012", ajoute-t-il, faisant état "d'opérations d'importations" qui servent à des "transferts illicites" de devises.

Le Crédoc "une atteinte à la dignité des opérateurs algériens"

Dans ce cadre, le ministre du Commerce a critiqué le "Crédoc" (pour le paiement des importations), considérant que cette formule "porte atteinte à la dignité des opérateurs algériens", rappelant, toutefois, les allègements apportés. M. Belaïb explique qu'en "règle générale", le Crédoc, qui consiste à payer une facture d'importation avant la livraison, "est imposé par les pays fournisseurs" dans deux cas de figures : "lorsque il y a un doute sur la solvabilité de l'importateur" ou "lorsqu'un équipement est produit spécifiquement à l'Algérie".

Par ailleurs, interrogé sur les "marchés de proximité", le ministre a affirmé que la "localisation" de certaines de ces infrastructures était "mauvaise". Constatant le retour de plusieurs "commerces informels", il précise avoir "saisi le ministère de l'Intérieur" pour l'attribution des locaux, tout en reconnaissant que "l'offre dépasse la demande".

A propos des "marchés de gros" de fruits et légumes, Bakhti Belaïb affirme que sur les 47 qui existent, "très souvent" ils sont situés "dans des endroits ne pouvant accueillir des producteurs". Avançant un taux de "50% de la production agricole" qui "se vend en dehors des espaces autorisés". Sur les 10 marchés de gros, en cours de construction, 2 seront réceptionnés d'ici la fin de l'année en cours à Aïn Defla et Sétif, a ajouté le ministre du Commerce.