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Constantine -  «Métiers de l'Aïd» : tout le monde s'y met!

par A. Mallem

Les préparatifs de la journée du sacrifice rituel de l'Aïd el-Adha dans les grands centres urbains constantinois (Constantine, El-Khroub, Hamma-Bouziane, Zighoud-Youcef, etc.), connaissent une ambiance particulière et très animée qui donne parfois beaucoup de choses à voir en matière de pratiques, anciennes et nouvelles, qui précèdent et accompagnent cet évènement. Ces pratiques prennent parfois des contours imprévisibles, inattendus et à la limite du déplorable.

Dans cette ambiance, l'appât du gain prend le pas sur toute autre considération, notamment le soucis de civisme et d'hygiène.

Les jeunes chômeurs, auxquels se mêlent des enfants, trouvent toujours leurs comptes pour se faire, en l'espace de quelques jours, un peu d'argent. Et ils sont légion les jeunes et les moins jeunes qui s'improvisent vendeurs de moutons, vendeurs de paille pour ces animaux de passage, de rémouleurs, de vendeurs de toute sorte d'ustensiles nécessaires à l'acte de sacrifice et au découpage des carcasses de mouton, etc. C'est ainsi qu'au fur et à mesure que l'échéance approche, les rues, les boulevards et les places publiques sont transformées en étables, en abattoirs et en scènes de barbecues pour les grillades collectives en plein air.

Phénomène envahissant : la paille pour alimenter pendant quelques jours, voire quelques heures, le mouton du sacrifice, a envahi les trottoirs de la ville qui se trouvent squattés par les vendeurs occasionnels, généralement des enfants.

Prévoyants, les commerçants de paille se sont approvisionnés 15 jours avant la date pour constituer des stocks. La paille est stockée en plein air aux pieds de certains immeubles, recouverte seulement de bâches en plastique.

L'autre inconvénient touche à l'environnement : comme la paille est très facile à se répandre, les rues et les trottoirs s'en trouvent recouverts et cela donne beaucoup de travail aux agents de l'assainissement qui n'en peuvent plus de nettoyer de la paille chaque jour.

« La campagne a envahi la ville », ont fait remarquer hier des citadins rencontrés au centre de Constantine en voyant des vendeurs de charbon et de paille envahir les arcades de la rue Abane Ramdane. Dans les quartiers périphériques, aux pieds des immeubles, une activité nouvelle est apparue : gardien de mouton du sacrifice. En effet, les résidents ont aménagé aux pieds des immeubles des enclos entourés en fil de fer pour garder leurs moutons, rassemblés en troupeaux, en les faisant garder par un gardien rétribué. «Une bonne idée, ont considéré des passants, car c'est mieux ainsi que de les garder pendant quelques jours dans les balcons et les cuisines étroites, avec tous les inconvénients et les incommodités que cela engendre». Et cette nouvelle pratique leur a donné matière à réflexion pour l'année prochaine.