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Fluctuation des prix: Le mouton de l'Aïd donne le tournis

par Tahar Mansour

A l'avant-veille de l'Aïd El Adha de cette année, il est vraiment très difficile de se faire une idée précise des prix tellement ils sont fluctuants, portés par la rumeur et la désinformation entretenue par les revendeurs.

Au début, il y a une vingtaine de jours, le curieux qui se rendait dans les différents marchés et lieux dédiés à la vente des moutons n'en croyait pas ses oreilles : les moutons sont proposés à partir de 25.000 DA et arrivent, pour les plus grands et les plus beaux jusqu'à 60 000 DA, mais c'est vraiment un bélier. Les gens, pour la plupart, se contentaient alors de tester le marché, sans acheter, sauf ceux qui avaient assez d'espace pour un mouton. Les prix sont devenus abordables dans certains marchés mais, dans d'autres, ils ont commencé à grimper il y a près d'une semaine, atteignant les 5 millions de centimes pour des moutons ?honorables' alors qu'il fallait compter entre 3 et 3,5 millions pour un autre plutôt chétif. Il y en a qui ont commencé à acheter leurs bêtes, mais il n'y avait vraiment pas grand monde. Au bord des routes, dans des enclos de fortune ou dans des garages transformés pour la circonstance en espaces de vente, les vendeurs étaient seuls pendant presque toute la journée, ne recevant de potentiels clients qu'à partir de 17 h, après la fin du travail. Les fonctionnaires ramenaient avec eux leurs rejetons et parcouraient les différents marchés, à la recherche de l'oiseau rare : un mouton haut sur pattes, avec des cornes et à un prix assez bas pour ne pas trop souffrir les mois d'après. Rares étaient ceux qui revenaient à la maison avec un bélier mais ils promettent aux leurs de leur ramener le meilleur bélier à deux ou trois jours de l'Aïd : «d'ici là, et à suivre le marché, les prix devraient baisser», argumentent-ils. Mais dès vendredi, à deux jours de l'Aïd, la surprise pour eux était de taille : les prix ont augmenté de manière sensible, entre 5000 et 10.000 en plus par tête. ?Tel est pris qui croyait prendre' ! Ils ont attendu les derniers jours en pensant que les revendeurs seraient pris par le temps et voudraient se débarrasser de leurs moutons à n'importe quel prix mais c'est le contraire qui s'est passé, car les marchands ont compris la manœuvre et ont augmenté les prix, d'autant plus que le nombre d'acheteurs est devenu plus important. Beaucoup de ceux que nous avons rencontrés dans les marchés à bestiaux ne savaient plus que faire, surtout ceux qui habitent des appartements où ils ne peuvent héberger leurs hôtes, même pas pour une nuit.

La tendance étant à la hausse, il faut s'attendre à plus encore en cette veille d'Aïd, car les acheteurs ont pris peur et s'empressent d'acquérir leur bête de peur de ne plus en trouver. C'est un peu comme un jeu où chacun attend l'autre au tournant, le perdant étant toujours le pauvre consommateur qui, même s'il fait des calculs, c'est surtout parce que son portefeuille n'est pas très bien fourni et qu'il essaie toujours de gagner quelques sous, que des sangsues lui soutirent à toutes les occasions.