Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Athlétisme - Médaillé d'argent sur le 1500m: Makhloufi dénonce un «sabotage»

par M. Benboua

Cinq jours après sa première médaille d'argent sur le 800m, la première également pour l'Algérie dans ces Jeux olympiques de Rio, le natif de Souk Ahras, Tewfik Makhloufi a réussi, samedi soir, à monter de nouveau sur le podium en obtenant une seconde médaille d'argent sur le 1500m, lors d'une finale très tactique dominée par l'Américain Mathew Centrowits. L'athlète, sur lequel reposaient tous les espoirs des Algériens, n'a pas déçu malgré le fait qu'on le sentait capable de mieux faire. «Je n'ai jamais douté de mes qualités, j'avais un but en tête et je me suis sacrifié pour l'atteindre.

Dieu merci, j'ai réalisé mon objectif. Je suis très fier de ma performance. J'ai décroché deux médailles d'argent sur le 800 et le 1500m, ce n'est pas quelque chose de facile, en prenant en considération ce que j'ai traversé jusque-là. Certes, je suis un peu déçu de la deuxième place sur le 1500m, mais ça reste une médaille d'argent», a déclaré l'athlète algérien à la fin de sa course héroïque. Satisfait de sa participation à ces JO, mais aussi très déçu par le manque de moyens et de considération envers le sport en général, l'athlétisme et les athlètes algériens en particuliers, Makhloufi n'a pas hésité à tirer à boulets rouges sur les responsables du sport en Algérie. «Je tiens tout de même à dénoncer le sabotage perpétré par certains responsables contre les athlètes algériens qui ont participé à ces JO», s'indigne Makhloufi. Avant d'enfoncer le clou: «En dépit des efforts et les aides déployées par l'Etat algérien pour promouvoir le sport et former des sportifs de haut niveau, certains responsables n'hésitent pas à détourner ces moyens mis à notre disposition».

C'est là une déclaration lourde de sens, où le champion algérien a exprimé avec beaucoup de véhémence sa colère à l'encontre des responsables, faisant allusion au comité olympique algérien et au ministre des Sports, vidant ainsi son sac d'une manière virulente. « Ces responsables ont trahi le peuple et l'Etat algérien. Ils n'ont pas été à la hauteur de la confiance placée en eux », déplore en conclusion Makhloufi. Les déclarations du champion algérien n'ont pas manqué de susciter une véritable controverse dans la presse, mais aussi sur les réseaux sociaux, où tout le monde est unanime pour dire que l'athlétisme est livré à lui-même en Algérie, notamment après les premiers aveux faits par le décathlonien Larbi Bourrada qui, lui aussi, a marqué son passage lors de ces jeux, non pas par une médaille (5ème au classement général), mais par sa volonté, son courage et ses exploits personnels et ce, en dépit d'une préparation dérisoire et des conditions de travail déplorables, comme l'on pouvait voir sur des images relayées sur Facebook. Mais Bourrada n'est pas le seul à avoir connu ces mésaventures, Salim Keddar, jeune coureur qui s'est préparé en compagnie de Makhloufi en France, n'a pas pu bénéficier d'un billet d'avion Rio à partir de Paris, si ce n'était l'aide financière apportée par Makhloufi pour lui permettre de rejoindre le Brésil à temps.

Et pourtant, le président du Comité olympique et sportif algérien (COA), Mustapha Berraf, avait assuré avant l'ouverture des JO qu'un budget de 31 milliards de centimes a été alloué à la préparation des athlètes algériens. Berraf a même rassuré que tous les athlètes se préparent dans de bonnes conditions. Des assurances qui ne reflètent pas forcément la réalité comme en témoignent les résultats enregistrés jusque-là.