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Dégagez !

par Abdelkrim Zerzouri

Apparemment, l'arbre ne veut plus cacher la forêt. Et, l'échec cuisant des Jeux Olympique de Rio ne doit pas passer comme un « salamalek », même si certains responsables ont le culot de plaider le contraire nous chantant leur satisfaction au bout du décompte final des médailles. Comme si on a décroché tout l'or de Rio. Il faut vraiment avoir le visage recouvert de tôle pour plaider pareille idiotie. L'échec est toujours solitaire, certes, contrairement à la réussite, dont la tribune ne peut contenir tous ses artisans, mais il faut avoir le courage et l'honnêteté de reconnaître ses responsabilités dans l'échec. Surtout quand on est soi-disant sportif. On ne peut pas être chef d'une délégation, et autres membres accompagnateurs, et ne rendre compte de rien, en se confondant avec des pachas. Les sportifs sont outrés, il faut au moins les écouter, tenter de comprendre leur désarroi et apaiser leur douleur, qui est celle de tout un peuple. C'est que la participation à des évènements de dimension mondiale n'est pas une mince affaire, c'est une affaire d'honneur national qu'il faille défendre. Peut être que ce langage n'est pas bien compris par ces messieurs qui se frottent les mains, dans le dos des Algériens, et que le fait de leur parler d'honneur national les ferait rire jusqu'au larmes, en privé. La colère de Toufik Makhloufi, à la fin de l'épreuve du 1.500 m, qui a dénoncé, en termes crus, la gestion des responsables algériens en charge du Sport à travers deux mots qui doivent donner du ressort au débat. « Sabotage et trahison » des responsables en charge du sport, a-t-il lâché au micro d'une chaîne sportive. Makhloufi est un gentil garçon, de nature très calme, mais on l'a fait sortir de ses gonds, et il sait qu'il doit dire la vérité au public sportif, aux Algériens, quel que soit son prix. Avant lui, le talentueux athlète du décathlon, Larbi Bouraada, a fait trembler la planète sport, en tentant de nous faire parvenir cette réalité : les responsables du Sport se fichent, totalement, de défendre les couleurs du drapeau ou l'honneur national. Bien sûr, on prend soin d'épargner, au passage, le gouvernement, qui a tout mis à la disposition des athlètes. Honni soit qui mal y pense, mais si ce gouvernement ne réagit pas devant cette débâcle, il sera considéré comme complice des artisans de l'échec. Tout « silence complice » fera plus mal au moral des Algériens. Il serait même utile et judicieux, pour le gouvernement, de laver cet affront en procédant à une révision profonde de tout le fonctionnement du Sport national, toutes disciplines confondues. A l'ombre de cette pénible leçon qui nous a été donnée aux J.O. de Rio, l'audit moral et financier s'impose. On sait que les fédérations ne dépendent pas de l'autorité du gouvernement, et qu'on ne peut pas s'immiscer dans ses affaires internes, ce derrière quoi on se cache depuis toujours, à tous les niveaux fédératifs, mais on peut demander aux responsables de rendre compte sur les dépenses de l'argent public qui leur a été accordé pour financer cette mésaventure des JO de Rio. Enfin, les membres de l'assemblée de la fédération en question doivent bouger dans ce sens, sinon ils seront complices par leur silence, eux aussi, de ce sabotage et de cette trahison nationale. Les figures de ces responsables, faites en tôle, ne veulent pas quitter la scène. On les connaît depuis qu'on était tout jeune, on a vieilli, et ils sont toujours là, cramponnés aux mêmes postes. Et aucun résultat qui puisse les honorer. Est-ce qu'ils attendent qu'on leur sorte le fameux mot ? formule qui exprime le dégoût : « Dégage ! » !?