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Algériens détenus à Guantanamo: Les chiffres de Louh

par Moncef Wafi

Le ministère de la Justice s'est expliqué sur le nombre des Algériens encore détenus dans la prison américaine de Gunatanamo, sur la base navale de la baie éponyme, à Cuba. Rappelant l'historique des interventions de la justice algérienne auprès des autorités américaines, un communiqué de presse du département de Louh, rendu public hier, précise que deux Algériens sont encore détenus dans le camp de détention. La même source indique qu'en 2006, des officiels algériens s'étaient déplacés sur place, identifiant 26 ressortissants algériens emprisonnés dans le camp. Deux années plus tard, des procédures de rapatriement ont été engagées en accord avec les Américains. Le communiqué ajoute qu'en décembre 2015, le ministre Louh avait déclaré que «sur les 26 détenus, 18 avaient fait l'objet d'un traitement judiciaire par la justice algérienne et que huit détenus n'avaient pas été rapatriés». Détaillant ce point, le service de communication du ministère de la Justice annonce que sur les 18 cas traités, 17 ont été remis à la justice algérienne alors qu'un binational (son autre nationalité n'étant pas indiquée) était rentré en Algérie après avoir été transféré vers un pays d'accueil. Quant aux huit autres Algériens, six d'entre eux dont cinq binationaux ont été transférés vers différents pays d'accueil. Ces précisions du ministère de la Justice viennent en écho au communiqué, rendu public ce samedi, de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH). L'ONG a interpellé les autorités algériennes sur le nombre exact de prisonniers algériens encore détenus à Gunatanamo ainsi que leur maintien en prison depuis plus de 14 ans sans procès, ni accusations. La LADDH a indiqué suivre «avec beaucoup de préoccupation le dossier des détenus de Guantanamo, surtout après que les États-Unis ont annoncé le lundi 15 août 2016 avoir remis 15 détenus (12 Yéménites et trois Afghans) de la prison de Guantanamo aux Émirats Arabes Unis». La Ligue pointe les incohérences du ministère de la Justice dans le nombre de prisonniers à Guantanamo. La mauvaise communication a conduit les Algériens à penser qu'il restait encore huit de leurs compatriotes sur l'île cubaine alors que la LADDH indique n'avoir que deux cas documentés de prisonniers algériens seulement, Barhoumi Sofiane et Abderahmane Abderrazak Ali «voués à une détention illimitée à Guantanamo sans aucune inculpation par les Américains, ni sans aucun soucis de l'État algérien quant à leur sort». Le centre de détention de Guantanamo Bay a été ouvert le 11 janvier 2002, dans le sillage du déploiement de l'armée américaine au Pakistan et en Afghanistan, après les attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Au total, 778 personnes originaires de plusieurs pays, dont 31 Algériens, avaient été arrêtées notamment au Pakistan, torturées et transférées sans aucune forme de procès dans cette prison construite par l'armée américaine avec un système carcéral inhumain. Une liste rendue publique le 20 septembre 2015 par le Pentagone, faisait état de 115 détenus encore présents à Guantanamo, dont les deux Algériens. Le SG de la LADDH appelle la communauté internationale à «faire pression sur Washington pour obtenir la fermeture (de Guantanamo) en urgence».