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Prisonniers algériens à Guantanamo: La LADDH demande des explications au gouvernement

par Yazid Alilat

La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) a interpellé hier samedi dans un communiqué les autorités algériennes sur le nombre exact de prisonniers algériens encore détenus dans la prison américaine de Gunatanamo, à Cuba, ainsi que leur maintien en prison depuis plus de 14 ans sans procès, ni accusations. La LADDH ?'suit avec beaucoup de préoccupation le dossier des détenus de Guantanamo, surtout après que les États-Unis ont annoncé le lundi 15 août 2016 avoir remis 15 détenus (12 yéménites et trois afghans) de la prison de Guantanamo aux Émirats arabes unis''. Dans ce communiqué, la Ligue ?'demande des explications des autorités algériennes sur les incohérences dans le nombre de prisonniers à Guantanamo''. Selon le ministère algérien de la Justice, il y aurait actuellement huit prisonniers algériens encore détenus à Guantanamo.

Au mois de décembre dernier, le ministre algérien de la Justice Tayeb Louh avait indiqué à la presse que ?'huit Algériens sont encore détenus sans procès dans la base américaine de Guantanamo''. Il poursuit: l'Algérie poursuit ses démarches auprès des Etats-Unis et les procédures judiciaires du transfèrement de ces huit détenus sont en cours». M. Louh a même rappelé que «l'Algérie avait dépêché, il y a quelques années, une délégation du ministère de la Justice dans le cadre du traitement du dossier des détenus sans procès de Guantanamo, dont le nombre s'élevait alors à 26 et qui avaient été majoritairement arrêtés en Afghanistan pour accointance avec le terrorisme». «Les négociations avec la partie américaine avaient, alors, permis le transfèrement de 18 détenus, tous déférés devant la Justice algérienne qui en a acquitté certains et condamné d'autres», a conclu M. Louh.

Mais, au 16 août 2016, le nombre d'Algériens encore détenus dans la prison américaine de Cuba fait débat. Car si pour le ministère de la Justice il reste encore huit Algériens dans cette prison décriée par toutes les ONG de défense des droits de l'homme comme étant le pire du déni des droits humains, et de la dignité de la personne, pour la LADDH il n'y resterait que deux Algériens. L'ONG algérienne indique n'avoir que deux cas documentés de prisonniers algériens seulement, alors que le ministère de la Justice algérien parle de huit détenus. ?'Nous avons deux dossiers de deux détenus seulement'', affirme la LADDH qui dit être parvenue à cette conclusion ?'après un travail et recherche approfondi à partir des données du gouvernement américain sur les arrivées et départs de tous les prisonniers de Guantanamo.'' ?'D'après leurs informations, les détenus algériens actuels sont bien au nombre de deux: Barhoumi Sofian et Abderahmane Abderrazak Ali'', poursuit la Ligue qui estime que ?'ce n'est pas le chiffre officiel car le gouvernement américain n'a fait aucune déclaration sur le nombre de prisonniers algériens, mais juste annoncé chaque arrivée et chaque départ de détenu'', et il ne reste aujourd'hui dans cette prison que 61 détenus. D'autre part, la LADDH s'est dite ?'préoccupée par l'oubli des deux prisonniers algériens, voués à une détention illimitée à Guantanamo sans aucune inculpation par les Américains, ni sans aucun soucis de l'État algérien quant à leur sort.'' Sofiane Barhoumi est né le 28 juillet 1970 et Abderrazak Ali Abderrahman le 17 juillet 1970. Le centre de détention de Guantanamo Bay a été ouvert le 11 janvier 2002, dans le sillage du déploiement de l'armée américaine au Pakistan et en Afghanistan, après les attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Au total, 778 personnes originaires de plusieurs pays, dont 31 Algériens, avaient été arrêtées notamment au Pakistan, torturées et transférés sans aucune forme de procès dans cette prison construite par l'armée américaine avec un système carcéral inhumain. Une liste rendue publique le 20 septembre 2015 par le Pentagone, faisait état de 115 détenus encore présents à Guantanamo, dont les deux Algériens. Le SG de la LADDH appelle la communauté internationale à ?'faire pression sur Washington pour obtenir la fermeture (de Guantanamo) en urgence'', estimant que ?'personne ne peut être soustrait à la protection de l'état de droit et nul gouvernement ne peut se placer au-dessus des principes du droit.'' Parmi les 61 personnes encore maintenues en détention à Guantanamo, il y a, outre les deux Algériens, cinq Afghans, un Marocain, un Tunisien, un Mauritanien, sept Saoudiens, 27 Yéménites, six Pakistanais, deux Malaisiens, un Russe, deux Libyens, un Irakien, un Palestinien, un Indonésien, un Kenyan, un Somalien et un inconnu.