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Constantine - Selon la société ?Sital': L'erreur humaine derrière le déraillement du tramway

par Abdelkrim Zerzouri

On parle avec aisance de tout ce qui entoure cette dérive et déraillement d'une rame du tramway, dont la cabine du conducteur s'est encastrée, avant-hier (16 août), dans le mur de la prison Coudiat, y creusant un énorme trou, qu'on n'aurait pas réaliser avec une bonne dose de TNT, selon des railleries de citoyens.

On donne des détails sur les deux blessés, ainsi que l'évaluation approximative des dégâts et les conditions de reprise du trafic sur les lignes du tramway. Mais dès qu'on arrive à la question pertinente de la cause (?) qui a provoqué cet accident, tout le monde se tait, bouches cousues, et dans le meilleur des cas on répond à travers de vagues estimations ou suppositions. « C'est l'enquête qui déterminera les raisons à l'origine de la dérive et déraillement de la rame du tramway », répondent, d'une façon systématique, presque tous les agents et les responsables de la Setram. Dès qu'on arrive à cette question, on sent la gêne qu'elle suscite chez nos interlocuteurs, qui commencent dès lors à donner des réponses évasives, si on ne coupe pas court aux discussions sur le sujet. Dans son bref communiqué, rendu public à la suite de cet accident, la société d'exploitation des tramways (Setram), souligne qu'« une commission d'enquête ferroviaire sera constituée pour déterminer les circonstances exactes de cet accident, ainsi que toutes les responsabilités ».

Logique, doit-on en convenir, seulement il faut se rappeler que la commission qui devait faire le même travail à la suite de la dérive et déraillement de la rame du tramway d'Oran, n'a rien rendu public jusqu'à aujourd'hui, soit plus de deux semaines après l'incident. Pourtant, il s'agit bien d'une question qui relève de l'opinion publique, et les usagers de ce moyen de transport ont tout le droit de savoir ce qui se trame dans le tramway. Est-ce réellement un moyen de transport sécurisé ? On imagine avec effroi le scénario « différé dans le temps » des deux accident, d'Oran et Constantine. Les dégâts humains auraient été catastrophiques dans le cas où les deux incidents se seraient produits en pleine journée. Si on ne donne pas les réponses exactes, sans fioritures, quant aux causes de ces accidents, c'est la spéculation qui prendra le relais avec tout ce qu'elle peut véhiculer comme vérité ou intox. Enfin, il y a cette franche intervention de M. Fayçal Fadhel, directeur de communication de la société mixte algéro-française (Sital), de Annaba, chargée du montage des rames de tramway et de leur maintenance, qui vient lever l'épais voile entourant les circonstances de ces accidents. Joint, hier, au téléphone par la radio régionale de Constantine, M. Fayçal Fadhel, rappelle d'emblée que « le montage se fait au niveau de notre usine de Annaba et les opérations de maintenance sont assurées dans les villes disposant de tramway, Constantine, Alger et Oran ».

 Concernant l'accident de la rame qui s'est encastrée dans le mûr de la prison, il soutiendra que cette dernière a été « soumise à tous les contrôles techniques en vigueur », c'est dire que « sa maintenance a été faite à 100 % et vérifiée avant d'être mise en service ». Sachant, dira-t-il, que de « toutes les manières, le tramway constitue un moyen de transport garanti et très sécurisé et la plupart des cas d'accidents survenus relèvent de fautes humaines ». Concluant qu'« en considération de la vitesse très réduite, qui n'est que de 10, 20 ou 30 km/heure », en plus du fait que « le tramway est muni de trois systèmes de freinage et d'autres encore qui ont pour objectif visé de garantir une sécurité à 100 % de ce moyen de transport », la société « privilégie la piste de l'erreur humaine » et ce, bien sûr, en attendant « les conclusions officielles de l'enquête qui durera trois jours ». Il y a une commission d'enquête supervisée par le ministère des Transports, qui est composée de deux représentants de la société ?Sital', deux autres de Métro Algérie, deux autres de ?Sétram' et un inspecteur du ministère des Transports, qui est à l'œuvre pour établir un rapport détaillé sur cet incident. Questionné sur les dégâts, il répondra que les estimations sont en cours, tout en soulignant que la valeur de la rame accidentée de Constantine est de près de 3 millions d'euros.

En sus, il faut compter la reconstruction du mur de la prison et le manque à gagner dû à l'arrêt d'exploitation du tramway durant la journée. Notons, dans ce cadre, que le trafic des rames du tramway a repris dans la journée même de cet accident, en fin d'après-midi du mardi 16 août, avec un personnel visiblement affecté par cet incident. En parallèle, on s'attelait, depuis le dégagement de la rame du mur de la prison, laquelle opération a été terminée près de six heures après l'accident, à boucher l'énorme trou qui a offert du spectacle aux passants, voir de près la cour de la prison du Coudiat. Les travaux sont toujours en cours sur le mur de la prison, a-t-on pu constater, hier sur place, et la circulation routière reste toujours bloquée sur cet axe névralgique, provoquant d'énormes embouteillages sur les tronçons de routes environnantes.