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Trouble à l'ordre public

par Moncef Wafi

La taxe d'entrée en Tunisie de 30 DT imposée aux Algériens est en train de prendre des proportions insoupçonnées frôlant même le début d'une brouille diplomatique. Ainsi, le chargé d'affaires de l'ambassade de Tunisie a été convoqué aux Annassers, même si le terme n'a pas été utilisé par le communiqué officiel, où il a rencontré le secrétaire général des Affaires étrangères. Officiellement, et très diplomatiquement, les deux parties ont passé en revue les conditions de déplacement et de résidence des ressortissants algériens et tunisiens et les moyens de les améliorer. Tout un programme qui comprend également les conditions d'accueil des touristes algériens avec cette volonté de lever les obstacles entravant le mouvement de déplacement de personnes entre l'Algérie et la Tunisie.

Le message est à peine codé et c'est des conditions de déplacement des Algériens dont il a été question lors de cette rencontre. Le choix même des représentants officiels, un chargé d'affaires au lieu de l'ambassadeur lui-même et le SG du ministère à la place du ministre en personne, suggère qu'Alger cherche à «ramasser» le malentendu qui est en train de déborder sur la voie publique en Algérie et risque de créer des troubles à l'ordre public. Ce mardi, une vingtaine de personnes essentiellement de Bir El Ater ont observé un sit-in devant le consulat tunisien à Tébessa pour protester contre cette taxe. Les Algériens, furieux, mais surtout déçus par l'attitude des autorités tunisiennes perçue comme un véritable racket, demandent d'annuler cette mesure ou d'imposer la réciprocité pour les Tunisiens. Des manifestants sont même allés jusqu'à fermer momentanément deux postes-frontières de Bétita et Ras El Ayoun.

Cette rencontre au siège des AE n'a pour le moment laissé transpirer aucune information sur la levée ou non de cette taxe alors que les Algériens continuent d'affluer en masse sur les côtes tunisiennes. Le sujet est d'autant sensible qu'interrogé sur cette question, Nouri, le ministre du Tourisme, a préféré botter en touche vers son homologue des Affaires étrangères. Mais on voit mal Tunis se passer de ces rentrées fiscales d'autant que leur argumentaire repose sur la compréhension des «frères» algériens et le recrutement des policiers pour la sécurité des touristes dont notamment les Algériens. Un argumentaire battu en brèche par les nombreux incidents dont sont victimes les Algériens en Tunisie. Plusieurs plaintes ont été déposées par des touristes algériens auprès de la délégation régionale du tourisme à Hammamet Sud pour acte de vol et de pillage de leurs voitures à l'extérieur des hôtels où ils résident. La réaction mitigée des officiels algériens laisse-t-elle penser que cette taxe les arrange ? Qu'elle peut dissuader les Algériens de déserter leur pays pour passer des vacances ailleurs. Si oui, alors ils ont tout faux sur toute la ligne !