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Constantine - Le réalisateur Ali Aïssaoui indigné par le sort réservé à son film

par A. Mallem

«El Boughi» victime d'un «massacre cinématographique»

«Ils ont osé toucher à mon film, et à mon insu», nous a déclaré, hier, sur un ton indigné, le réalisateur constantinois Ali Aïssaoui, à propos du «charcutage» qu'a fait subir le producteur exécutif dans le montage du film « El-Boughi ». Le montage de la copie présentée dernièrement à Oran a été opéré par des néophytes qui ont tout cassé et ont défiguré complètement l'œuvre cinématographique, a-t-il dit. En se présentant hier, en effet, à notre bureau, le réalisateur Ali Aissaoui, semblait éprouver beaucoup de peine à contenir sa colère contre le producteur exécutif de son film et intermédiaire avec le centre qui dépend du ministère de la Culture. « La copie du film qui a été projetée pendant le dernier festival du film arabe d'Oran, à mon insu, a été complètement charcutée. Ce qui a provoqué l'indignation chez les nombreux cinéastes, hommes de théâtre, ainsi que chez des spectateurs qui avaient vu auparavant la copie que j'avais présentée à la salle Ahmed Bey de Constantine». «Ces derniers ont affirmé qu'ils n'ont pas du tout reconnu mon film et ont cru que c'était moi l'auteur de ce charcutage», se désolera notre interlocuteur. Et en plus, a ajouté le cinéaste, «l'étalonnage et le mixage qui auraient dû se faire en France en ma présence et en présence des techniciens compétents, a été fait localement et bâclé en 2 jours ». Et d'expliquer que «l'histoire d'El-Boughi qui est intimement liée à l'histoire de Constantine, ne peut pas descendre en deçà de 2 heures de projection». «C'est pratiquement impossible pour la beauté de l'œuvre et la compréhension de l'histoire», a dit Aissaoui. En indiquant qu'il avait réduit lui-même l'œuvre à 2h 48mn sans toucher au fond. Puis il a été ramené à 2h25 et une version de 2h15 pour le festival d'Oran en demandant que le film ne doit pas passer en compétition « parce qu'il n'était pas fait pour », a-t-il précisé. Puis j'apprends que le film allait passer, hors compétition, «dans une salle d'Oran». Et lorsque le 24 juillet dernier, j'ai vu le film à Oran je suis sorti outré par le sort subi par la copie que j'avais envoyée. Et j'ai dit aux organisateurs que cette copie ne m'appartient pas. Et je l'ai fait savoir au public. Moi je pense que le producteur exécutif n'a pas le droit de toucher à une œuvre artistique en lui faisant perdre tout son sens, toute son âme artistique. Le film «El-Boughi» «a été pris en otage!». Allant plus loin, le réalisateur Aissaoui a révélé que le producteur n'a pas payé les différents cachets, ceux des comédiens comme ceux de ceux qui ont participé, derrière la caméra, à la réalisation du film, et les figurants eux-mêmes. Aussi, Aissaoui s'est adressé au Centre algérien de documentation cinématographie (CADC), organisme rattaché au ministère de la Culture, et au ministre de la Culture M. Azzedine Mihoubi lui-même, pour demander à ce que la copie incriminée soit retirée du circuit, reprendre immédiatement le mixage du film et la post-synchronisation, et que l'opération étalonnage et mixage soit faite par des professionnels du métier et pas avec des «maquignons ». Ceci pour ne pas créer un antécédent de gens qui, animés uniquement par des soucis commerciaux, manipulent à leur guise les créations de l'esprit. «J'ai conçu ce film pour un large public, lequel attend avec impatience le film. Alors, qu'on laisse en circulation la copie de 2h15 (ou à la rigueur celle de 2h25) que j'ai montée moi-même », demanda-t-il. Aissaoui s'est dit à la fin déçu par le comportement de certains comédiens bien connus qui ont participé à cette « catastrophe», comme il a qualifié ce qui est arrivé à son film.

Présent aussi à l'entretien, le comédien Antar Hellal, qui a joué dans le film en tant qu'assistant du réalisateur et chef de plateau, a qualifié de « Zilzel» (Séisme) ce qui est arrivé au film «El-Boughi». Et le comédien de réclamer son dû parce que, a-t-il dit, il n'a pas été payé pour les journées de tournage qu'il a fait en subissant un accident. Pour terminer, signalons que la version cinématographique du célébre chant romantique constantinois racontant une histoire à la Roméo et Juliette, prétendue se passer au temps des beys de Constantine, a été réalisée récemment par Ali Aissaoui, le cinéaste constantinois bien connu. Et cette œuvre est attendue impatiemment par le public constantinois. Malheureusement, on vient d'apprendre, comme nous venons de le relater, que cette œuvre a subi, au montage, une atteinte grave qui a altéré et l'esthétique de l'œuvre et le message historique qu'elle véhicule à travers la relation amoureuse légendaire de ce personnage d'El-Boughi avec sa dulcinée Nedjma.