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Conséquence d'une chute inexorable du dinar: Le marché «noir» de la devise toujours florissant

par Abdelkrim Zerzouri

«On ne s'attend plus à des miracles, le marché des devises gardera la tendance haussière au rythme de la dépréciation du dinar», en conviennent des cambistes, qui annoncent la couleur en proposant 180 dinars contre un (1) euro à la vente.

L'année dernière, à la même période, l'euro qui s'échangeait contre 163 dinars révèle l'érosion de la monnaie nationale. Et on peut mieux constater cette érosion lorsqu'on compare le taux de change officiel entre l'année dernière et aujourd'hui. Qu'on en juge : l'euro était coté au change officiel, au mois d'août 2015, à 111,52 dinars (à la vente), une année plus tard, soit au mois d'août 2016, l'euro est évalué à 122,27 (à la vente). Le dinar aura ainsi perdu près de 11% au change en une année. Grave décadence de la monnaie nationale, mais il s'agit d'une chute prévisible dans un décor économique morose. «Le taux de change effectif réel du dinar est déterminé sur la base des fondements de l'économie.

Et en Algérie, il s'agit notamment du bas niveau du prix du pétrole et du niveau haut des dépenses publiques», relèvent des spécialistes, non sans affirmer que l'abaissement de la valeur du dinar va encore se faire ressentir pour les mois à venir, vu la stagnation des prix du baril de pétrole dans une fourchette faible et l'absence d'évolution sur le plan économique local. Et quelle que soit la pression de la demande sur la devise, le change sur le marché parallèle s'inscrirait, donc, sur une courbe croissante. On s'attendait d'ailleurs à la flambée de l'euro sur le marché «noir», durant ce mois d'août, mais la monnaie européenne se maintient presque au même niveau des dernières semaines, nous apprennent des cambistes. Il existe de petites fluctuations, mais l'euro garde la barre au prix de 180 dinars. «On peut l'acheter pour moins que cette valeur auprès de connaissances», nous a-t-on confié, en avançant le prix de 175 dinars contre un euro. Des cambistes chuchotaient hier, entre eux, qu' «il faut lâcher le morceau à 180 dinars». «Malgré les départs en vacances, l'approche du hadj, le marché ne bouge pas», avouent les cambistes. Il n'y a pas d'acheteurs qui se bousculent sur les places réputées du change parallèle. «Le marché regorge de devises, il faut juste demander», plaisante un cambiste. Le tour de vis imposé aux importateurs et les nouvelles règles de pré-domiciliation bancaire décidées par la Banque d'Algérie ont réduit conséquemment les montants des devises transférés illégalement à l'étranger, et par extension, la liste des importateurs s'est contractée comme une peau de chagrin. Et comme les importateurs faisaient figure de gros acheteurs de devises, le marché parallèle est automatiquement affecté par leur défection ou retrait de la sphère des affaires, d'où la baisse de la pression sur l'euro, expliquent des cambistes. Ainsi que d'autres monnaies demandées sur le marché parallèle par les voyageurs, qui restent relativement stables, à l'enseigne du dinar tunisien qui s'échange contre 75 dinars algériens et le rial saoudien, estimé à 43 dinars. Quant au décor des transactions sur le marché parallèle de la devise, rien n'a encore changé, c'est toujours la pratique à «ciel ouvert». Les bureaux de change promis par le gouvernement attendent toujours.