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Terrorisme: La haine du «mode de vie» occidental, dites-vous?

par Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med

L'agression lâche et criminelle, samedi dernier, d'un «sans-papiers» algérien contre deux policières belges remet à l'ordre du jour, chez les politiques, la stratégie de fuite en avant en donnant pour seule explication du terrorisme la haine du «mode de vie occidental».

Trois jours après « l'attaque terroriste» d'un homme de 33 ans, algérien de nationalité en séjour illégal en Belgique, contre deux policières dans la ville de Charleroi, les médias belges (et français) autant que les premiers responsables politiques belges s'engouffrent dans le machiavélique jeu espéré par les terroristes, une fois leurs crimes abjectes réalisés: tétaniser la société, brouiller les repères politiques, semer la confusion dans les discours politiques et lever les communautés les unes contre les autres. S'il est évident que « l'attaque terroriste» contre les deux policières blessées, heureusement hors de danger, demeure un crime crapuleux et impardonnable, il est tout aussi inquiétant de constater la prise en charge de cet événement dramatique par les dirigeants politiques belges et les médias, assurant consciemment ou non, une opération de marketing politique et de publicité tout bénéfice pour l'ogre Daech. Attribuer la capacité à l'organisation sanguinaire à planifier et réaliser ce qui s'apparente plus à une agression qu'à une «attaque» d'un «sans papier» désespéré, pourri de frustrations, auteur de larcins et haineux envers l'administration belge pour lui avoir refusé à deux reprises la régularisation, est non seulement ridicule, mais dangereux comme explication. Dangereux parce que si la médiocrité du traitement médiatique de tels faits (de société) répond souvent à la méprisable course à l'audimat et ses honteuses retombées financières, cette médiocrité semble croiser le chemin de responsables politiques aux affaires ou non. Le Premier ministre belge et le président de la région de Wallonie-Bruxelles ont interrompu leurs vacances dès l'annonce de «l'agression» des deux policières pour s'exprimer sur les plateaux de télévisions et manifester leur soutien aux victimes et aux policiers d'une manière générale. Honorable réaction qui marque le sens des responsabilités de ces deux hommes politiques. Malheureusement, leurs interventions aussi sincères soient-elles, participent à aggraver le climat anxiogène et de tension communautaire né depuis les attentats de novembre à Paris et mars à Bruxelles. Le Premier ministre belge, Charles Michel, à repris à son compte le vocabulaire des médias qualifiant l'agression «d'attaque terroriste», alors que le président de la Wallonie, Paul Magnette, explique « Ils - les terroristes- ont de la haine contre notre mode de vie». Des lieux devenus communs. Les mots ont un sens et peuvent faire plus de dégâts dans la société que les actes. Ainsi, soudainement, cet homme qui demande depuis 2012 à être régularisé pour vivre en Belgique et sommé de quitter la Belgique s'est mis à détester le «mode de vie» belge. Et par ricochet, tous les fous qui se réclamant de l'islam qui attaquent ou se font kamikazes et tuent d'autres gens sans distinction de religion, origine ou couleur de peau ont, soudain de la haine contre le «mode vie occidental» dans lequel ils sont pour leur majorité nés, élevés et éduqués. Qu'elle est loin la guerre en Syrie et ses millions de victimes! Qu'ils sont loin les drames libyen, yéménite, irakien ! Qu'il est loin des yeux et des médias le drame des Palestiniens ! Seul le mode de vie explique la violence terroriste sur le sol occidental. La légèreté de l'explication des raisons des actes terroristes sur le sol occidental s'apparente à la provocation recherchée par Daech et tous les autres terroristes du monde. Si telle est l'explication, pourquoi les terroristes de Daech, El Qaeda, Al- Nosra et consorts tuent, assassinent et terrorisent les populations à majorité musulmane qui ont un «mode de vie» qui n'a rien à voir avec l'Occident? Et puis comment faire croire aux populations occidentales que leurs gouvernements peuvent bombarder en Syrie et ailleurs, tuant des milliers de civils sans qu'elles ne soient inquiétées chez elles? Pourquoi l'Occident ne cesse-t-il pas lui aussi la guerre pour s'employer à un travail de politique et de diplomatie, qui coûte nettement moins cher que la guerre, pour un dialogue entre les belligérants en Syrie, Libye, Yémen, etc.? C'est une logique infernale dans laquelle s'engagent les responsables politiques occidentaux que celle d'expliquer la violence aveugle qui frappe leurs concitoyens par le seul argument de la haine de leur «mode de vie». Désespérant pour l'avenir.