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La question des marchés
informels qui obstruent les rues et les artères de nos villes est loin d'être
réglée et ce, en dépit des actions d'éradication, toujours répétées, que
lancent contre ce phénomène les pouvoirs publics et plus particulièrement les
agents de la sûreté. Mais le phénomène revient toujours sur le devant de la
scène et les campagnes rencontrent beaucoup de résistance. Et cette résistance
s'exprime parfois de manière inédite et complètement inattendue. Que l'on en
juge : mardi dernier à Constantine, vers 10h du matin, des témoins nous ont
signalé qu'un vendeur informel qui tenait étal sur la voie publique, au niveau
du marché des frères Bettou, dans le quartier de Boudjeriou, a cherché à mettre fin à ses jours en se jetant
du haut du pont de Sidi-M'cid parce que la police
l'avait délogé la veille et saisi sa marchandise, évaluée, selon nos
informations, à 30 millions de centimes.
Agé d'une trentaine d'années, ce marchand informel a grimpé sur l'arche d'entrée du pont, torse nu et vêtu seulement d'un short, tenant un discours inaudible et se balançant les pieds dans le vide. Et il menaçait de se jeter dans le vide pour protester contre ce qu'il appelait «l'injustice» (la hogra, disait-il) dont il se disait victime. Son geste spectaculaire avait créé l'actualité dans tous les coins de la ville. Et sa démonstration a fini par attirer les forces de l'ordre et une équipe motorisée de la Protection civile qui ont tenté de le persuader de descendre de son perchoir. Pendant ce temps, une foule nombreuse composée de curieux et de passants s'était amassée à l'entrée du pont qui fut fermé à la circulation automobile. Et comme les gens prenaient des photos avec leurs téléphones portables, le candidat au suicide a pris goût au spectacle dont il était l'acteur principal et il a fallu beaucoup de persuasion et de longs moments de palabres entamés avec lui par les policiers et les pompiers pour le persuader de renoncer à son projet et de se livrer à la police. Ce qu'il a fini par faire. Et il fut accueilli au sol et emmené par la police. Contacté hier, le commissaire Zemouli, chargé de la cellule de communication et des relations publiques au niveau de la sûreté de wilaya de Constantine, a expliqué que le travail psychologique de proximité mené auprès de ce jeune avait abouti positivement et celui-ci avait consenti à renoncer à son projet. «Mais toujours est-il dans de tels cas, a expliqué le commissaire Zemouli, une enquête a été ouverte». Et notre interlocuteur de révéler que, durant les 6 derniers mois de l'année en cours, les agents de la sûreté urbaine ont mené 340 opérations de saisie qui ont touché 91 commerçants informels. Et en l'espèce, 107 dossiers de ces commerçants ont été communiqués à la justice. Quoi qu'il en soit, l'issue heureuse de cette affaire a quand même provoqué un certain impact psychologique sur la population et l'incident de ce mardi a montré à quel point les marchands sont déterminés pour arriver à leurs fins et rester «accolés» aux grandes surfaces commerciales du centre-ville fréquentées par une population nombreuse. Rappelons que ces marchands ont toujours refusé de rejoindre les marchés de proximité construits à grands frais et à leur intention par l'Etat, obligeant les communes et les wilayas à trouver une issue économique à ces surfaces, qui sont restées longtemps fermées, et dont l'exploitation est cédée maintenant au plus offrant. |
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