Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Dialogue inter-religieux - France : le ciel pour tous

par Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med

Des musulmans, chrétiens, juifs judaïques, athées... se sont retrouvés, vendredi et dimanche, dans des mosquées et églises pour exprimer leur volonté de vivre ensemble et dire non au terrorisme.

Un peu partout en France des scènes de retrouvailles sous le ciel de Dieu ont eu lieu, vendredi et dimanche, dans des mosquées et des églises. A Lyon, Bordeaux, Paris et d'autres grandes villes et aussi dans de nombreux villages reculés de la France profonde musulmans, chrétiens, juifs judaïsés ou pas, athées, agnostiques... se sont réfugiés ensemble dans la miséricorde de Dieu pour vaincre la haine et la terreur que veulent semer les terroristes au non de Dieu.

Ainsi donc, Dieu rassemble plus qu'il ne divise, lorsque ses créatures que sont les hommes, dans la diversité de leurs croyances, l'accueillent dans leur cœur, l'écoutent avec la raison et lui répondent par la générosité et l'amour. La «religion» qui tire sa racine du verbe «relier» est antinomique et adversaire de la «division». Comment peut-on croire et admettre que l'une des grandes religions pratiquée par le plus grand nombre d'hommes et de femmes, dans le monde, en l'occurrence l'Islam, peut-elle conduire à la violence, la haine et la guerre? Des ténors politiques, penseurs, érudits, exégètes de toutes les religions, dont le pape François, ont appelé à ne pas verser dans la thèse de «guerres de religions» parce que des groupes de barbares assassins tuent au nom de l'Islam. Ces grands-hommes alertent sur le péril de l'Humanité si elle se laisse submergée par une telle conviction. Les guerres qui frappent la Syrie, l'Irak, la Libye, le Yémen et le terrorisme qui sévit dans la bande subsaharienne, au nord du Nigéria, en Somalie et dans bien d'autres contrées du monde ne sont pas dues intrinsèquement, à la foi musulmane. Elle sont la conséquence de guerres d'intérêts géostratégiques, nées de la voracité de calculs d'intérêts égoïstes des puissances maléfiques du capitalisme financier mondial, dont la logique l'emprisonne dans l'utilisation de la force et de la violence, sous toutes leurs formes pour sa survie. Est-ce un hasard que les conflits et guerres violentes surgissent là où se trouvent les gisements miniers des matières les plus rares - et les plus chères- dont le pétrole et le gaz, sources de 95 % de l'énergie qui fait tourner et vivre le monde? Faut-il être naïfs au point de croire que l'engagement des forces armées occidentales - USA, Europe, Australie et Japon- dans les guerres en Afghanistan, Irak, Syrie, Libye...a pour seul objectif de libérer ces populations des dictatures vraies ou supposées de leurs dirigeants et d'instaurer la «démocratie ?» Les alertes du pape François aux chrétiens, des responsables musulmans et des nombreux intellectuels, philosophes et hommes politiques lucides, à éviter le piège d'une «guerre de religions», sont une forme de résistance au terrorisme fait au nom de l'Islam qu'il faut saluer, car elles permettent aux hommes et femmes de croire à la possibilité de vivre ensemble, en paix et en sécurité, malgré leurs diversités, leurs croyances et foi ou leurs philosophies et convictions spirituelles. Ces appels à la vigilance et à l'intelligence nous préviennent, aussi, que la lutte contre la haine et le terrorisme est encore longue et douloureuse et qu'il faut, plus que jamais, ne pas céder à l'affrontement des convictions religieuses parce qu'elles adorent le même Dieu avec les mêmes espoirs de délivrance. L'Islam est l'une de ces trois grandes religions monothéistes dont le message n'impose nulle contrainte aux autres croyances. Le terrorisme abject, revendiqué par des fous, en son nom les martyrise terriblement et ils appellent à la solidarité du reste de l'Humanité pour le vaincre. Vendredi et dimanche les musulmans ont retrouvé les autres communautés, dans des églises, des mosquées et dans la rue pour exprimer leur douleur et leur volonté le vivre, dans le respect des autres croyances et des lois de la République qui les abrite. Et c'est une belle démonstration de la possible cohésion des sociétés lorsque les individus qui la composent le veulent et y croient.