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Tous les enfants d'Algérie s'appellent Nihal

par Moncef Wafi

L'Algérie entière tend une oreille attentive à ce qui se passe du côté des Ouacifs priant que soit retrouvée, saine et sauve, la petite Nihal Si Mohand. La disparition de cette enfant de trois ans, depuis un peu plus de dix jours, est vécue comme une véritable tragédie par chaque famille algérienne qui se reconnaît dans ce petit bout de chou d'innocence. Leurs pensées vont aux parents, au cercle proche de la gosse et aux équipes de recherche des différents corps de sécurité mobilisés, ainsi que les citoyens de la région, pour retrouver les traces de Nihal sortie jouer avec des gosses de son âge.

Depuis le 21 juillet, aucune nouvelle n'est venue rassurer les siens et Dieu sait que tous les efforts ont été déployés pour la localiser. Le cas de Nihal rappelle douloureusement les affaires d'enlèvements et de disparitions d'enfants en Algérie. Sans présager de quoi que ce soit ni de l'issue finale de cette affaire, en espérant qu'elle soit heureuse pour la famille, le dossier des enfants disparus, kidnappés et assassinés, comme ce fut le cas à Constantine, repose crûment la question du rétablissement effectif de la peine de mort. Si certaines consciences pensent qu'il faut l'abolir, la majorité du peuple milite pour que les assassins d'enfants soient passés par les armes.

Ce sentiment d'impunité renforcé par un populisme étatique dangereux a ouvert la porte du crime à de plus en plus d'adeptes à qui la justice ne fait plus peur. Car si la justice est incapable de faire son travail, alors c'est de loi dont il est question dans ce genre d'affaires. Rétablir la peine de mort pour les assassins d'enfants n'est que justice pour la famille et la société au même titre que pour les crimes crapuleux. Et si les criminels ne craignent plus la justice, ils devront au moins se soucier de la loi du talion. Les condamnations à la peine capitale ne sont plus dissuasives si elles restent cantonnées aux seuls couloirs de la mort. Elles ne sont qu'un prononcé verbal équivalent à la perpète ou à une peine de réclusion criminelle, n'ayant pratiquement aucun impact sur les criminels.

Mais si on reformait le peloton d'exécution et que les salves retentissent de derrière les murs des prisons et que cela se sache alors les choses pourront changer. Cela n'arrêtera pas pour autant les assassins de tout bord mais au moins ils n'auront plus le loisir de profiter de ce qui reste de leur existence. Car il est inconcevable pour des parents de savoir l'assassin de leur enfant en vie alors qu'eux ils ne reverront jamais leur chair. En attendant, en espérant que la petite soit retrouvée, tous les enfants d'Algérie s'appellent aujourd'hui Nihal.