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«Choumaras», comptez-vous !

par Mahdi Boukhalfa

Ainsi donc, le taux de chômage en Algérie est sensiblement le même en France. A fin avril dernier, le chômage en Algérie a même baissé chez nous, s'établissant à 9,9 % contre 11,2% en septembre 2015, a rapporté l'APS, citant un communiqué de l'ONS. Première remarque: ce taux est établi par rapport au mois de septembre 2015, alors que selon les normes, il doit être comparé à la même période une année auparavant ou par rapport au mois précédent. Qui alors de l'APS ou de l'ONS semble avoir perdu le sens des aiguilles d'une montre ? Car ce taux est le même que celui rendu public en France pour le 1er trimestre 2016: c'est-à-dire un taux de chômage en baisse à 9,9% dans l'hexagone et un peu plus de 10 s'il est élargi à l'Outre-mer.

Selon l'INSEE, l'équivalent français de notre ONS, «au terme du premier trimestre, le taux de chômage en France s'est stabilisé à 9,9 % de la population active en métropole et à 10,2 % lorsque l'on englobe l'Outre-mer.» Les chiffres de l'ONS, rendus publics par l'APS, indiquent que «le taux de chômage en Algérie a baissé à 9,9% en avril 2016 contre 11,2% en septembre 2015, avec une population en chômage estimée à 1,198 million de personnes.» L'ONS «français» poursuit: «Parmi eux (2,45 millions de personnes à la recherche d'un emploi), 1,2 million sont des chômeurs de longue durée, qui déclarent chercher un emploi depuis au moins un an». Bizarre, cette similitude, non ? Les chiffres d'ici et d'ailleurs sont-ils les même, ou est-ce que le chômage des jeunes en France touche-t-il, par quelques abracadabrants ricochets spatio-temporels, les même proportions de jeunes en Algérie ? Et puis, les chiffres de l'ONS rendent-ils une situation réelle du marché national du travail ? Est-ce vraiment d'une baisse du taux de chômage qu'il s'agit quand on sait qu'à part le ministère de l'Education nationale, la fonction publique est «à l'arrêt, question recrutements»? Hormis les grandes entreprises publiques dans les secteurs du BTP-hydrocarbures-mines-métallurgie, les recrutements en CDD sont rares. Certes, il y a les programmes centralisés ou des APC pour gonfler les chiffres et donner cette fausse illusion d'une hausse des offres d'emplois, comme les TUPHIMO, ou certains programmes communaux délimités dans le temps. Et puis, comment croire des chiffres qui disent tout, sauf l'essentiel: la hausse de l'offre d'emplois est caractéristique d'une économie dynamique, qui crée des emplois, ouvre des chantiers, génère de gros investissements avec des financements à long terme de projets.       

Or, la crise mange notre économie à pleines dents depuis juin 2014, période qui a coïncidé avec la baisse des cours de pétrole. Ces chiffres du chômage chez nous auraient été stimulants si notre économie était la même qu'en France, si au moins l'inflation n'atteint pas la courbe effrayante des 8-9%. Allons, arrêtons de fabuler, personne ne nous croira. Echoumaras passent de longues journées estivales, les pieds dans l'eau, ou dos au mur, en attendant un boulot offert par l'ONS.