Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Louisa Hanoune: Bouteflika, Benhadid et des interrogations

par M. Aziza

La secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, est revenue longuement hier sur le message du président de la République adressé au peuple à l'occasion de la célébration du 54ème anniversaire de l'Indépendance et de la fête de la jeunesse, estimant que «le message a fait abstraction de l'actualité préoccupante du pays». Pour elle, le président de la République s'est beaucoup focalisé sur l'histoire de notre guerre de révolution et sur les acquis réalisés entre la période 2009 jusqu'à 2014, sans parler de l'actualité économique et sociale préoccupante de notre pays. «C'est comme si le temps s'était arrêté à 2014 !», dit-elle devant les membres du bureau national du parti au sein du siège de son parti. Louisa Hanoune regrette qu'après 45 ans d'indépendance, l'Algérie est toujours à la croisée des chemins, et ce, malgré quelques acquis. Pis, affirme-t-elle, « les incertitudes qui planaient durant l'été 1962, pèsent aujourd'hui sur l'avenir de notre pays». Elle prédit un scénario catastrophique pour l'Algérie, si le régime en place ne revoit pas sa copie ou ses contre-réformes qu'il veut réaliser en un temps très court, sans se soucier des conséquences.

Louisa Hanoune met en garde le régime en place contre les effets de la politique antisociale et d'une austérité profonde que compte appliquer les pouvoirs publics. Et d'affirmer que même si le pays n'est pas totalement déficitaire, il n'en demeure pas moins que les effets de la dépréciation continue de la monnaie nationale, la baisse probable de la consommation, étant donné que les contre-réformes menacent la classe moyenne, l'Algérie ne sera pas à l'abri d'une récession certaine.

La secrétaire générale du PT avertit, en outre, sur les dangers de l'endentement extérieur, si recommandé par le FMI et la Banque mondiale pour notre pays, bien évidement avec des conditions qui conduisent au démantèlement de la République et du secteur public.

Hanoune s'inquiète du changement radical de la politique sociale et économique du pays. Et d'affirmer que l'éloge fait par le département d'Etat américain sur le marché algérien en le considérant d'attractif et lucratif et l'éloge fait à la politique algérienne actuelle «est un signe qui fait peur», précise Hanoune. Pour la SG du PT, « c'est simple, les Américains soutiennent totalement la politique comprador adoptée par le régime en place ». Un régime qualifié par Louisa Hanoune de régime «périmé» et «décomposé». Et d'affirmer par ailleurs que tout régime politique qui n'accepte pas la critique et la satire politique est voué à la disparition.

« Le président est-il au courant ? »

Louisa Hanoune a renouvelé encore une fois ses doutes sur la paternité des décisions prises au sommet de l'Etat que ce soit sur le plan politique ou sur le plan économique. Elle s'est interrogé : «Est-ce que le président Bouteflika est au courant que le général à la retraite Hocine Benhadid, en détention depuis dix mois, est très malade». Elle a également évoqué le sort des dirigeants de KBC et Ness Prod, Mehdi Benaïssa, son collègue Ryad Hartouf et Mounia Nedjaï, cadre au ministère de la Culture, qui sont encore en prison. Pourtant, affirme-t-elle, ces derniers n'ont pas pillé les deniers publics, ils ne sont pas poursuivis pour des affaires de corruption. «Ils n'ont pas commis de crime». Louisa Hanoune regrette le fait qu'une artiste, cadre au ministère de la Culture soit emprisonnée parce qu'elle avait signé une autorisation d'une émission de télévision.