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EL-BAYADH: La laine file du mauvais coton

par Hadj Mostefaoui

Les éleveurs de la région se heurtent en cette fin de saison à la mévente de leur production de laine susceptible de leur apporter un plus financier pour joindre le deux bouts en cette période de vaches maigres marquée par une hausse sans précédent

du prix de l'aliment du bétail.

Sérieusement menacée par la mévente, la toison de laine de mouton risque de faire les frais d'un marché désorganisé et livré à lui-même faute d'institutions ou de structures sérieuses capables de prendre en main un aussi juteux créneau et de canaliser cette surproduction de laine face à celle importée des pays asiatiques et moins chère. Les éleveurs sont désemparés et inquiets face au triste sort réservé à leur production de laine.

Un lourd fardeau dont il faut se débarrasser à tout prix mais hélas le marché de la laine de mouton en particulier bat de l'aile. Le coût de la main d'œuvre pour la tonte d'une seule tête revient à plus de 300 DA le kilogramme, auquel il faut ajouter les frais de transport. Jamais de mémoire d'éleveur, le prix du kilogramme de laine n'a atteint un seuil aussi bas.

La laine est bradée à 1.000 DA le quintal contre 7.000 DA à la même époque et les acquéreurs de ce produit, venus des wilayas de l'extrême est du pays, qui sillonnaient la steppe, raflaient toute la production locale de laine de mouton estimée à 3.000 tonnes/an. Lavée, cardée et filée et enfin teintée sur place par des doigts de magiciennes, cette laine était réservée il y a plusieurs décennies à la confection de tapis, carpettes, descentes de lits traditionnels aux couleurs chatoyantes qui s'arrachaient à prix d'or et garnissaient de luxueux salons aussi bien de l'intérieur que de l'extérieur du pays, en un mot une griffe nationale qui défendait âprement les couleurs du pays lors des expositions et foires internationales. Ne sachant plus où donner de la tête, ces milliers de producteurs de laine de mouton cherchent désespérément de potentiels acquéreurs en frappant à toutes les portes pour écouler leur produit.

Les unités industrielles du textile ne se sont jamais intéressées à la collecte de ce produit du terroir qui bat déjà de l'aile, exception faite pour la toison du chameau, dite «Oubar» collectée par des privés et très prisée par les habitants et les riches nomades de la région du centre des Hauts Plateaux pour sa qualité et sa finesse. Elle alimente le marché de la confection des burnous et djellabas traditionnels.