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Un mois ordinaire

par Moncef Wafi

Le compte à rebours du Ramadhan a réellement commencé dans l'esprit ensommeillé des Algériens après ses deux premières semaines. Quinze jours sont passés avec leur lot de travers classiques que connaît le pays en pareille occasion. Les prix, pour ne pas déroger à la règle immuable imposée par la cupidité de certains commerçants, ont été au rendez-vous des mauvaises nouvelles. Des produits de consommation, les fruits et légumes ont enregistré des bonds spectaculaires à quelques heures seulement du début du mois sacré.

Sans aucune logique commerciale ni respect des valeurs spirituelles et religieuses du Ramadhan, le circuit qui commande les prix en Algérie s'est mis en branle plongeant les ménages à faibles revenus dans la tourmente. Les familles nécessiteuses, des statistiques dans l'annuaire de la misère nationale, ont été également surprises et dans le mauvais sens par l'indigence de la charité officielle. Des milliers de familles, et à l'aube de la deuxième semaine, n'avaient toujours pas récupéré leur couffin occasionnel. La violence est devenue banale, se confondant presque avec le mobilier urbain. Sous toutes ses formes, elle a endeuillé des familles, brisé des vies, consacrant définitivement ce phénomène dans l'ADN algérien.

Ni le jeûne encore moins la dévotion du moment n'ont trouvé grâce aux yeux d'individus qui pensent fort que l'espace-temps est leur propriété privée. De la petite délinquance qui s'attaque aux vieux retraités et femmes sans défense au sortir des bureaux de poste aux assassins de masse derrière un volant d'un poids lourd ou d'un bus de transport de voyageurs, en passant par les agressions verbales à toute heure, le spectre de la violence est large. Très large. Il n'y a qu'à voir le comportement de certains chauffeurs de camion sur les routes algériennes pour se rendre compte qu'on est réellement en danger de mort derrière son volant. Des dépassements en troisième position, des excès de vitesse dignes d'un Rosberg ou d'un Vettel et une conduite dangereuse en général menacent l'existence même des Algériens. A quand une tolérance zéro pour nous débarrasser des meurtriers du macadam ?

Cette moitié du Ramadhan a aussi été celle de la polémique, du bricolage et d'un amateurisme avéré du gouvernement.

L'épisode du bac est plus qu'édifiant sur cet état d'esprit du pays. La mauvaise humeur, l'ennui, les embouteillages sont quelque peu amortis par une Coupe d'Europe suivie massivement par les Algériens qui se préparent, la boule au ventre, aux prochaines échéances de l'Aïd, de l'été et des dépenses pour la rentrée scolaire.