Des
personnages publics, et non des moindres, se positionnent en commentateurs de
l'histoire et en adeptes de la voyance, prédisent un futur prochainement sombre
et chaotique pour l'Algérie. Le souhaitent-ils ? Non, ce serait diabolique !
Dans un article de presse largement partagé sur les réseaux sociaux, le pays y
est assimilé à une pseudo- nation, et le peuple ne serait qu'une plèbe assistée
et nourrie aux mamelles de la providence d'un faux Etat. Aussi pertinente
soit-elle, cette analyse ne constitue qu'une parmi tant d'autres ressassant,
après coup, le marasme d'une société noyée dans ses propres contradictions. Au
lieu de proposer de vraies solutions aux problèmes posés à la société, ces
frondeurs contestent, aujourd'hui, les incohérences et les absurdités d'une
gouvernance dans laquelle ils étaient partie prenante et au fait de la
situation, des pratiques et des mystères du pouvoir qui les a promus. Sans
qu'il soit nécessaire de le rappeler, le clash est bien flagrant entre un
peuple indolent et une classe politique pervertie et renvoyée à son impuissance
face à l'omnipotence d'un système qui l'a secrétée.
Pour ne
plus se résoudre à la fatalité de demeurer dans son rôle de spectateur du temps
qui passe, le pays a besoin de sang neuf et de nouveaux visages crédibles et
convaincants. La majorité démographique représentée par une jeunesse n'ayant
rien à envier à celle qui a fait émerger au-devant de certains pays, de jeunes
dirigeants comme en Italie, en Belgique, en Grèce, au Canada, en Pologne,? tous
quadragénaires ; elle pourrait s'engager et ne plus laisser le terrain
politique en friche sous la mainmise des vétérans, qu'ils soient aux affaires,
dans l'opposition ou ceux qui s'improvisent les Nostradamus des temps nouveaux.
Ils sont tous perçus dans la société comme étant sortis du même moule, celui de
l'accident de l'histoire. En tout cas et quoi qu'il arrive, tout système, aussi
longtemps mis en place, déclinera et penchera inéluctablement vers sa fin,
c'est la règle imposée par le cours du temps et la biologie. La pérennité de
toute nation repose d'abord sur ses valeurs, sa puissance intrinsèque, ensuite
sur sa capacité de pouvoir diffuser dans ses profondeurs géostratégiques son
savoir, son savoir-faire et son savoir-être pour faire face aux récurrences de
l'histoire. Caresser le rêve de rompre l'immobilité étreignant la société ne
devrait pas se heurter à une réalité amère due à l'apesanteur d'un
conservatisme archaïque et d'un modernisme superficiel et futile. Trouver
l'équilibre pour faire face aux défis du monde ne serait possible que si l'on
savait qui sommes-nous? Où sommes-nous?
Où allons-nous? Pour quoi faire et avec quels moyens
nous pourrions le faire? Répondre à ces questions
serait déjà une vraie feuille de route toute tracée pour un pays qui ne peut
plus demeurer inféodé à l'inconstance du monde et au souci de chaparder sa
nourriture dans la mangeoire des communautés qui sèment le savoir et récoltent
la puissance créative et innovante.