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Une coupure et beaucoup de désagréments: Le bac «déconnecte» l'Algérie

par Sofiane M.

Ce qui n'était qu'une rumeur sur les réseaux sociaux s'est avéré une amère réalité. Les Algériens se sont réveillés, hier, sur une coupure générale de la connexion internet. Il s'agit d'une coupure programmée et décidée par les pouvoirs publics pour contrecarrer toute tentative de fraude durant la deuxième session du baccalauréat 2016. Pourtant, les responsables du secteur de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication avaient rassuré la veille que la coupure ne concernera que les réseaux sociaux, notamment Facebook et Tweeter qui ont été utilisés lors de la première session du bac pour divulguer les sujets et les corrigés types de sept épreuves réparties sur cinq filières. «Cette coupure des réseaux sociaux a une relation directe avec les examens partiels du baccalauréat qui débuteront dimanche (?); la décision a été prise surtout pour protéger les candidats du baccalauréat de la publication de faux sujets de cet examen sur ces réseaux», avait rapporté l'APS tout en soutenant que la «connexion devra fonctionner normalement et que seuls les réseaux sociaux seront coupés». La connexion a certes été rétablie à partir de 10h45, mais de nombreuses perturbations ont été signalées dans les prestations de service et les réseaux sociaux sont restés inaccessibles durant toute la journée.

Outre les nombreux désagréments et les répercussions incalculables sur toutes les activités économiques, sociales et commerciales du pays, cette coupure soulève de sérieuses interrogations sur les motivations réelles des hautes sphères du pouvoir qui ont pris la décision de couper en amont la connexion. Les autorités judiciaires avaient annoncé au lendemain des fuites à grande échelle des sujets du baccalauréat que les mis en cause dans cette affaire de fraude ont été arrêtés et présentés devant les instances judiciaires compétentes. Si les responsables des fraudes ont été mis hors d'état de nuire, pourquoi alors couper la connexion ? Le gouvernement a en réalité cédé à la facilité en optant tout simplement et comme d'habitude pour des solutions radicales et trop commodes pour couper court à toute suspicion. Cette mesure radicale montre à quel point il est aisé de couper la connexion lorsque le réseau est sous le monopole de l'Etat. Il a suffi d'une décision pour causer des désagréments à la pelle pour des millions de citoyens. Le sort de tout un pays sera-t-il suspendu jusqu'à jeudi prochain à un fil ? Les agences de tourisme et les voyageurs sont parmi les premières victimes collatérales de cette coupure. Les voyagistes se plaignent de difficultés pour le retrait des billets électroniques et les réservations. Les agences postales et les banques sont aussi concernées par ces perturbations qui interviennent malheureusement durant la période de versement des retraites et des salaires de certains corps de l'administration publique. Les perturbations en matière de connexion pourront créer une tension dans les postes durant toute cette semaine. Les pharmacies, les cybercafés, les médias? et aussi les abonnés du sharing sont lourdement pénalisés par ces perturbations de la connexion. Des milliers d'abonnés sharing risquent d'être privés de suivre les matchs de l'Euro 2016 et de la Copa America. Les perturbations de la connexion ont commencé en fait dès samedi soir et se sont poursuivies dimanche, premier jour des examens partiels du baccalauréat. La difficulté d'accéder à Internet avait concerné en premier temps les réseaux sociaux, Facebook et Tweeter, avant de s'élargir dimanche matin à toutes les prestations du service Internet. La connexion a été rétablie à partir de 10h45, mais certains sites étaient inaccessibles pour les internautes, alors que pour d'autres sites l'accès était «lent» et «difficile». La direction générale de l'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPT), contactée par l'APS au sujet des ces interruptions partielles, a indiqué «ne pas avoir de commentaires à faire» sur la question. Les examens partiels du baccalauréat, décidés suite à une fuite des sujets lors de l'examen initial, prendront fin le jeudi 23 juin.